L’équipe de rugby des Samoa vire à l’orange : ses joueurs sont « TOUS UNiS » pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes
Les Manu Samoa, l’équipe nationale de rugby intensifie ses efforts pour sensibiliser les esprits à la violence à l’égard des femmes dans la région Pacifique, en consacrant le match amical du 25 juin entre les Samoa et les Tonga à la campagne « TOUS UNiS ».Date:

Dire que les Samoa se passionnent pour le rugby est un euphémisme. Lorsque les Manu Samoa (l’équipe nationale de rugby des Samoa) jouent, le stade d’Apia et la ville entière se transforment en mer bleue, la couleur officielle de l’équipe. Le 25 juin, lors du match amical entre les Samoa et les Tonga ‑ dans le cadre du processus de qualification pour la coupe du monde 2019 ‑ une nouvelle couleur est apparue aux côtés du bleu : les joueurs, les représentants officiels et les supporters arboraient l’orange, signe de leur soutien à la campagne « TOUS UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » lancée par le Secrétaire général des Nations Unies.
L’orange est la couleur officielle de la campagne « TOUS UNiS », le 25 de chaque mois étant la « Journée orange » ‑ une journée d’actions pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles à l’échelle mondiale.
« Il n’y a aucune place dans notre sport ou nos communautés pour la violence envers les femmes » a déclaré Alama Ieremia, l’entraîneur principal des Manu Samoa. « En tant que Samoans, nous avons la responsabilité d’avoir un comportement exemplaire et le rugby nous offre la plateforme idéale pour influencer et aider autant de personnes que possible. »
En partenariat avec ONU Femmes, la fédération samoane de rugby et la fédération mondiale de rugby ont consacré le match de la Coupe des nations du Pacifique entre les Samoa et les Tonga à la sensibilisation de la violence à l’égard des femmes et des filles. Le match a attiré un total de 6 millions de téléspectateurs.

La violence à l’égard des femmes et des filles dans les pays de la zone Pacifique est parmi les plus élevées au monde. Aux Samoa, près de 55 pour cent des femmes subissent une forme ou une autre de violence sexiste au cours de leur existence. Les normes culturelles et les traditions discriminatoires sont souvent profondément ancrées, 70 pour cent des femmes estimant que les sévices physiques sont justifiés dans certaines circonstances. [1]
La fédération samoane de rugby a commencé à travailler avec ONU Femmes lors de la campagne des « 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre » en 2015, au cours de laquelle elle a accueilli le tournoi inaugural de rugby à sept pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Ce tournoi est maintenant en passe de devenir un événement annuel. Plusieurs joueurs de l’équipe des Manu Samoa, y compris la star de rugby Motu Matu’u, s’investissent activement pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes dans la région Pacifique.
Matu’u a également pris part au programme de prévention de la violence domestique dans le Pacifique à l’initiative de la police néo-zélandaise et a entrepris des déplacements pour en faire la promotion dans les Samoa et au Vanuatu, où il s’est joint à d’autres joueurs de rugby du Pacifique et aux forces de police néo-zélandaises pour visiter des écoles et des villages afin de sensibiliser la population. « Nous pratiquons un sport extrêmement physique et parfois le rugby peut être très violent, mais cela doit s’arrêter sur le terrain, » déclare Matu’u. « Lorsque nous rentrons chez nous, nous devons traiter nos familles avec amour et respect. »


La coordinatrice du programme national ONU Femmes pour les Samoa, Suisala Mele Maualaivao, commente les discussions sur la violence à l’égard des femmes amorcées entre les Samoans et estime qu’il s’agit là d’une première étape essentielle pour faire avancer les choses. « Les Samoans sont plus nombreux à vivre à l’étranger que dans le pays et beaucoup parmi eux, en particulier les jeunes, considèrent les joueurs des Manu Samoa comme des exemples à suivre, » explique Mme Maualaivao. « Le fait que les joueurs et la fédération délivrent non seulement un message de tolérance zéro envers la violence à l’égard des femmes mais s’appliquent également à avoir une attitude respectueuse dans leur vie privée, constitue une opportunité qui pèse en faveur d’un changement à tous les niveaux de la société samoane. »
Le match du 25 juin faisait partie des efforts mondiaux d’ONU Femmes pour faire participer les organisations sportives à la prévention et à l’arrêt de la violence à l’égard des femmes, en formant les joueurs et le personnel sportif aux enjeux liés aux problématiques de genre, en identifiant des porte-parole et en prenant des mesures lorsque les joueurs commettent des violences. Outre l’accueil du tournoi annuel de rugby à sept pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes, la fédération samoane de rugby consacrera également le match amical entre les Manu Samoa et l’équipe de rugby géorgienne en novembre prochain à la sensibilisation sur le sujet.
