L’abrogation de la loi sur le viol par le parlement libanais marque un jour historique pour les femmes du pays
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Après l’abrogation de lois discriminatoires sur le viol en Jordanie et en Tunisie, le parlement libanais a à son tour convenu le 16 août d’abolir l’article 522 du Code pénal, la tristement célèbre « loi sur le viol » ou loi « viol-mariage », qui permettait à un violeur d’échapper à toute sanction s’il épousait sa victime
Après l’abrogation de la clause, le Premier ministre libanais, Saad Hariri s’est exprimé sur Twitter : « Ce sont là les étapes d’un cheminement que nous poursuivrons, avec les femmes libanaises, jusqu’à ce qu’elles jouissent de tous leurs droits ». Le ministre libanais chargé de la condition de la femme, Jean Oghassabian, avait auparavant critiqué cette loi comme appartenant à « l’âge de pierre ».
Cette évolution juridique majeure est le fruit de plusieurs initiatives nationales, notamment une campagne de sensibilisation réussie à l’échelle nationale sous l’égide d’ONU Femmes Liban en partenariat avec l’ABAA Institution en faveur de l’égalité des sexes, pour éliminer les dispositions juridiques discriminatoires existantes et liées à l’article 522 du Code pénal libanais. Cette campagne, financée par le gouvernement japonais et l’agence suédoise de coopération au développement (SIDA) au cours des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, a mobilisé l’opinion publique pour renforcer les lois protégeant les femmes et les filles des violences et de l’exploitation sexuelles au Liban et encourager l’évolution des normes sociales pour mieux répondre aux agressions sexuelles.
La campagne d’ONU Femmes/ABAAD en faveur de l’abrogation de la loi 522 a également organisé un concert national en novembre 2016, pour mobiliser les hommes et les garçons en tant que défenseurs et agents du changement en faveur de l’égalité des sexes et des droits des femmes. Le concert a attiré un public de plus de 400 personnes et le chanteur-compositeur populaire libanais Mike Massy a produit une chanson sur ce thème.
« Il s’agit de la première étape pour faire évoluer les traditions et l’état d’esprit », considère Ghida Anani, la fondatrice et directrice de l’ABAAD, un groupe de défense des droits des femmes au Liban. « Pour nous ce n’est que le début. Désormais la campagne de sensibilisation permettra de faire prendre conscience aux femmes que ce n’est plus un choix : il [les violeurs] ne pourra pas échapper à sa peine. »
Éradiquer la violence à l’égard des femmes est l’une des grandes priorités d’ONU Femmes. « Vivre sa vie sans être victime de violences est un droit fondamental », souligne Mohammad Naciri, directeur régional d’ONU Femmes pour les États arabes. « Au travers de nos programmes régionaux et nationaux, nous soutenons le développement de lois, de plans d’action nationaux et de politiques axés sur la protection et l’autonomisation des femmes. Nous collaborons avec la société civile, contribuons aux efforts de plaidoyer et de sensibilisation et nous efforçons d’améliorer les services et mécanismes d’orientation pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes. Nous avons déjà parcouru beaucoup de chemin pour briser les tabous, maintenant il nous faut mettre fin au cycle de la violence », a-t-il conclu.
Au Liban, un projet de loi abolissant l’article 522 a été soumis au parlement en février 2017 pour ratification après l’accord du comité de l’Administration et de la Justice du parlement pour abroger cet article le 8 décembre 2016. La Tunisie et la Jordanie ont elles aussi récemment abrogé des lois similaires. La clause sur le viol reste en vigueur en Algérie, en Iraq, au Koweït, en Libye, au Bahreïn, en Palestine et en Syrie.