La “préférence aux garçons” perpétue la discrimination et les violations des droits des femmes – Elle peut et doit cesser

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Genève - La sélection en fonction du sexe, basée sur les stéréotypes sexistes, reflète et nourrit une culture de la discrimination et de la violence, et doit être traitée avec urgence par tous les segments du gouvernement et de la société en tant que question concernant les droits fondamentaux de la femme, ont souligné cinq agences des Nations Unies.

Une déclaration publiée aujourd'hui par l'OHCHR, le FNUAP, l'UNICEF, ONU Femmes et l'OMS* se penche sur les faits à l'origine de la situation, sur les conséquences et sur les enseignements tirés au sujet de la « préférence pour les garçons », ou sélection en fonction du sexe, qui favorise les garçons dans de nombreuses parties de l'Asie du Sud, de l'Asie de l'Est et de l'Asie centrale, où le rapport garçons/filles peut aller jusqu'à 130 garçons pour 100 filles.

« La sélection en fonction du sexe en faveur des garçons est un symptôme des injustices sociales, culturelles, politiques et économiques omniprésentes auxquelles sont confrontées les femmes, et une violation manifeste des droits fondamentaux des femmes » note la déclaration, citant le témoignage d'un homme selon lequel « la naissance d'un garçon renforce mon statut, alors que celle d'une fille me fait courber la tête ».

« Une énorme pression s'exerce sur les femmes pour mettre au monde des fils… qui non seulement affecte directement les décisions des femmes en matière de reproduction, avec des implications sur leur santé et leur survie, mais met aussi les femmes dans une position où elle doivent perpétuer le statut inférieur des filles par le biais de la préférence aux garçons » affirme également la déclaration.

« C'est également les femmes qui doivent assumer les conséquences de la mise au monde d'une fille non désirée. Cela peut prendre la forme de violences, d'abandons, de divorces ou même de la mort ».

Dans le contexte d'une pression si intense, les femmes cherchent à découvrir le sexe d'un fœtus grce aux ultrasons. La découverte d'un fœtus femelle peut alors conduire à l'avortement. La sélection en fonction du sexe peut également intervenir avant qu'une grossesse ne soit établie, ou après la naissance d'une fille, par le biais de l'abandon moral d'enfant ou d'infanticide. Pendant des décennies, cette pratique a entrainé un déséquilibre dans le rapport de masculinité dans de nombreux pays, notamment en Asie du Sud, en Asie de l'Est et en Asie centrale.

Il y a également la possibilité d'une augmentation de la violence contre les femmes, suite à un tel déséquilibre. Le manque de femmes disponibles pour le mariage dans certaines régions peut par exemple mener à la traite des femmes issues d'autres régions en vue de mariages forcés, ou par le partage des futures mariées entre les frères.

Dans certains pays, la détermination et la divulgation du sexe avant la naissance sont illégales, d'autres étant dotés de lois interdisant l'avortement pour raison de sélection du sexe. Mais de telles restrictions sont également contournées par l'utilisation de procédures clandestines, qui peuvent mettre en péril la santé des femmes.

« Les Etats sont dans l'obligation d'assurer que ces injustices sont traitées sans exposer les femmes à des risques de décès ou à des dommages corporels graves en leur refusant l'accès aux services nécessaires tels que l'avortement sans risques dans toute la mesure de la loi, ainsi qu'à d'autres services de santé » mettent en garde les experts des agences des Nations Unies.

« Des initiatives renouvelées et concertées doivent être prises par les gouvernements et la société civile en vue de lutter contre la discrimination sexuelle profondément enracinée, qui est au cœur de la sélection en fonction du sexe » ont noté les experts, recommandant une approche sur des fronts multiples pour résoudre le problème.

La déclaration propose des mesures concrètes pour faire face à ce problème, dont la collecte de données plus fiables sur l'étendue du problème et les facteurs qui l'entraînent ; des directives sur l'utilisation de la technologie à l'intention des professionnels de la santé ; des mesures d'appui à l'intention des filles et des femmes, telles que les incitations en faveur des familles n'ayant que des filles ; et d'autres actions juridiques et de sensibilisation.

« Les Etats doivent mettre en place et promouvoir…. des politiques dans des domaines tels que les lois sur l'héritage, les dots et la protection financière et autre type de protection sociale pour les personnes gées… reflétant un engagement en faveur des droits de l'homme et de l'égalité des sexes » suggère la déclaration. « Les Etats doivent appuyer les activités de mobilisation et de sensibilisation qui stimulent la discussion et le débat… autour du concept d'égalité de valeur des garçons et des filles. »

La déclaration cite la République de Corée, la présentant comme un pays où la préférence pour les garçons a été largement surmontée grce à une combinaison de stratégies, y compris l'attention portée à l'égalité des sexes au niveau des lois et des politiques, de la mobilisation, des campagnes médiatiques et de la croissance économique.

Les experts ont réaffirmé l'engagement des agences des Nations Unies pour ce qui est d'appuyer les efforts déployés par les gouvernements et les ONG pour corriger la situation.

* Haut-Commissariat aux droits de l'homme (OHCHR), Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation de la femme (ONU Femmes) et Organisation mondiale de la santé (OMS)

Pour lire la déclaration interinstitutions intégrale, veuillez consulter:
http://www.who.int/reproductivehealth/publications/gender_rights/9789241501460/en/index.html

Pour toute demande presse, veuillez contacter:

  • OHCHR : Ravina Shamdasani, +41 22 917-9310, rshamdasani[at]ohchr.org
  • FNUAP : Omar Gharzeddine, +1 212 297-5028, gharzeddine[at]unfpa.org
  • UNICEF : Christopher Tidey, +41 22 909-5715, ctidey[at]unicef.org
  • ONU Femmes : Oisika Chakrabarti, Oisika.Chakrabarti[at]unwomen.org
  • OMS : Avni Amin, + 41 22 791 2306, amina[at]who.int