Les femmes rurales de Bolivie font entendre leurs revendications et sentir leur présence
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Elles travaillent 24 heures sur 24, pour aller ramasser du bois de feu à l'aube, allumer le feu du matin, collecter de l'eau, cultiver et préparer les aliments, prendre soin des enfants et des autres membres de la famille — le tout en sus des autres tches et corvées sans fin nécessaires pour maintenir un foyer. Et pourtant, même si ce type de foyers constitue le cœur de la société bolivienne, la contribution des femmes rurales à l'économie demeure largement passée sous silence.
Cette réalité a toutefois commencé à changer. Une alliance de 12 organisations sociales de femmes a pris la tête d'un projet visant à faire entendre la voix des femmes boliviennes au cours du processus législatif, suite à la rédaction en 2009 d'une nouvelle constitution nationale. Appuyée depuis novembre 2010 par le Fonds pour l'égalité des sexes d'ONU Femmes, l'initiative vise à intégrer les demandes des femmes dans les futurs cadres et processus juridiques du pays. Elle s'est prioritairement attachée à assurer la parité au sein du parlement, à rédiger une loi sur le harcèlement politique, et à reconnaître le travail non rémunéré.
A titre d'exemple, suite aux pressions exercées avec succès par le groupe, le travail non rémunéré a été récemment pris en considération dans le budget public. La nouvelle constitution reconnaît que la valeur économique du travail domestique est une source de richesse et qu'elle doit être intégrée dans les comptes publics. Comme l'explique Mónica Novillo, qui coordonne une des 12 organisations participantes, cela permet officiellement « d'exiger des politiques spécifiques pour les femmes, ainsi que les budgets pour les mettre en œuvre ».
Il est crucial de traiter de la question des opportunités offertes aux femmes rurales de Bolivie, pays où 90% de la population rurale est pauvre, et où les indicateurs sociaux identifient les femmes comme particulièrement vulnérables. A titre d'exemple, 31% des filles gées entre 10 et 18 ans ne vont pas à l'école, et une femme bolivienne sur trois est analphabète. Comme cela a été récemment souligné dans le rapport interinstitutions des Nations Unies sur « Les femmes rurales et les objectifs du Millénaire pour le développement », cela aura un impact grave non seulement sur leur avenir, mais aussi sur celui de leurs familles et communautés, dans des domaines allant du type de salaire dont elles disposeront un jour à leur vulnérabilité par rapport à la violence, en passant par la santé et les niveaux nutritionnels de leurs enfants.
Mónica Novillo explique que les groupes continueront de porter leurs revendications et leurs préoccupations devant les législateurs. « Nous contrôlons la mise en application des lois qui ont été adoptées en 2009 et 2010, mais une autre série de lois pertinentes est en route » indique-t-elle. « Nous, les femmes, sommes ici pour promouvoir ces initiatives ».
Les membres du groupe sont conscients qu'il reste beaucoup de travail à accomplir. Même lorsque des lois sensibles au genre seront adoptées, il faudra être vigilant pour assurer leur mise en œuvre effective. Néanmoins, les femmes sont particulièrement fières de leurs réalisations jusqu'à maintenant. « Il est difficile de se mettre d'accord sur les mêmes visions, mais cela n'est pas impossible » commente Mme Nivollo à propos de leur processus collectif, remarquant qu'elles avaient magnifiquement prouvé que des groupes divers de femmes peuvent travailler ensemble. « Cela n'est pas facile, mais nous sommes en mesure d'élaborer des accords politiques tangibles, et je pense que cela est notre principal défi et enseignement à tirer ».
Le Fonds pour l'égalité des sexes d'ONU Femmes œuvre à promouvoir l'autonomisation des femmes et des filles au niveau mondial, grce à des subventions allant jusqu'à un million de dollars, octroyées directement aux organisations de femmes et aux organisations gouvernementales qui sont engagées en faveur de l'égalité des sexes à travers le monde.