Le micro est à : Teodora Stojilković, Serbie
Ambassadrice des jeunes et activiste des droits des femmesDate:
Pendant les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, nous tendons le micro aux femmes qui se trouvent en première ligne, à celles qui combattent la COVID-19 et la pandémie fantôme de violence contre les femmes et les filles, un fléau qui ne connaît pas de répit et qui se propage implacablement. Ce sont les voix des survivantes, de celles travaillant dans des secteurs essentiels, ou encore des leaders, qui nous expliquent ce qui est urgent et comment nous pouvons mettre fin à l’escalade de violence, dépasser la crise de la COVID-19 puis reconstruire sur de nouvelles bases.
Grandir dans la ville ethniquement divisée de Bujanovac, en Serbie, où les femmes sont négligées, quelle que soit leur nationalité, a alimenté mon activisme. On dit aux femmes de « savoir où est leur place » et de ne pas se mêler de politique. Dans mon quartier, j’ai souvent entendu des femmes être abusées physiquement chez elles.
Pendant le confinement dû à la COVID-19, la violence à l’égard des femmes a augmenté considérablement alors que les femmes étaient confinées avec leur partenaire violent. De nombreuses femmes souffraient, sans savoir pour autant vers qui se tourner pour demander de l’aide. J’ai commencé à réfléchir à la façon d’aider les survivantes sans les mettre davantage en danger. L’appel à devenir une ambassadrice des jeunes du réseau « Femmes contre la violence – Europe » (WAVE) m’est apparu comme une occasion idéale d’aider les femmes, non seulement dans ma ville, mais dans toute l’Europe.
Nous avons travaillé directement avec les femmes au niveau local et avons mené des actions de sensibilisation à la violence à l’égard des femmes et des filles. En tant qu’ambassadrice des jeunes du réseau WAVE, j’ai créé du contenu en ligne pour souligner combien il est important de mettre fin à la stigmatisation et à la honte autour de la violence sexuelle. Nous avons également ajouté des informations sur les services d’aide et d’assistance téléphonique en Serbie. Je crois que notre action a eu un effet sur l’autonomisation des femmes des Balkans dans la dénonciation de la violence, et les a encouragées à chercher de l’aide.
Les femmes et les filles qui subissent de la violence doivent savoir qu’elles ne sont pas seules. Il est impératif de prendre position sur ce sujet.
Ensuite, je prévois de développer un réseau d’autonomisation des femmes qui met à disposition des lieux sûrs où les survivantes partagent leurs expériences personnelles et racontent comment elles ont abandonné des relations abusives, et qui fournit l’aide de spécialistes pour les guider sur le chemin de la guérison.
Nous devons nous entraider. Mon appel aux survivantes est le suivant : « Si vous êtes dans une situation abusive, appelez quelqu’un en qui vous avez confiance. Tout a un début, tout a une fin et la fin peut être belle, aussi sombre que le présent puisse vous paraître. »
Les programmes d’ONU Femmes ont pour mission de lutter contre la violence basée sur le genre et d’aider les survivantes
Teodora Stojilković, 18 ans, est étudiante et activiste des droits des femmes à Bujanovac, en Serbie. Elle était auparavant l’une des ambassadrices de la campagne « Women Talk » (Les femmes s’expriment) soutenue par ONU Femmes. Actuellement, elle agit en tant qu’ambassadrice des jeunes du réseau WAVE dans le cadre du programme régional entre l’UE et ONU Femmes axé sur l’élimination de la violence contre les femmes dans les Balkans occidentaux et la Turquie, dont l’objectif consiste à changer les normes sociales.
Après l’apparition de la COVID-19, les ambassadrices des jeunes du réseau WAVE d’Albanie, de Bosnie-Herzégovine, du Monténégro du Nord et de Serbie ont produit des vidéos dans leurs langues locales afin de sensibiliser à la violence sexuelle à l’égard des femmes et de mettre l’accent sur les modalités d’accès à de l’aide.
Alors que presque tous les États membres du Conseil de l’Europe ont enregistré une hausse spectaculaire du nombre de signalements de cas de violence domestique pendant le confinement dû à la COVID-19, les autorités serbes ont constaté une baisse de ces signalements. En effet, piégées chez elles avec leur partenaire violent, les femmes étaient dans l’impossibilité de dénoncer la violence. L’évaluation rapide d’ONU Femmes sur « l’impact de la pandémie sur les services spécialisés aux victimes et survivantes de la violence dans les Balkans occidentaux et en Turquie » met en exergue le bouleversement de l’accès à des services d’aide. Les survivantes, pour la plupart, ont contacté des organisations de femmes locales. Ainsi, entre avril et juillet 2020, 20 organisations de femmes bénéficiant de l’appui d’ONU Femmes ont enregistré une hausse de 30 pour cent des appels de femmes subissant de la violence, par rapport à la même période de l’année dernière. L’appui des organisations communautaires de femmes qui sont en mesure de contacter et de servir les femmes constitue une part importante de la réponse d’ONU Femmes sur le terrain.