Une enquête soutenue par ONU Femmes montre que 95 pour cent des femmes et des jeunes filles de Delhi se sentent en danger dans les lieux publics

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Crédit photo : Les colporteurs et les restaurants ouverts tard la nuit dans les grands centres de transport contribuent à la sécurité des femmes, selon les résultats des entretiens menés avec les femmes. Crédit photo : ONU Femmes/ Gaganjit Singh Chandok — à NTPC-Badarpur Border, New Delhi.

« J’ai dans mon sac un vaporisateur de gaz poivré pour me protéger. Mes parents sont devenus plus protecteurs. Ils veulent savoir où je vais, l’heure à laquelle je rentre, et qui je fréquente », a indiqué Srishti, une étudiante de New Delhi qui éprouve un sentiment d’insécurité dès qu’elle sort de chez elle.

« J’ai dans mon sac un vaporisateur de gaz poivré pour me protéger. Mes parents sont devenus plus protecteurs. Ils veulent savoir où je vais, l’heure à laquelle je rentre, et qui je fréquente », a indiqué Srishti, une étudiante de New Delhi qui éprouve un sentiment d’insécurité dès qu’elle sort de chez elle.

Ses peurs reflètent une préoccupation croissante, plus générale, de la société sur l’escalade de la violence contre les femmes et les filles à New Delhi, capitale de l’Inde. Elles ont été aggravées par le viol collectif horrible d’une étudiante de Delhi, âgée de 23 ans, qui en est morte.

Avant même que ce crime ne fasse les gros titres de la presse nationale et internationale, il existait un sentiment croissant d’insécurité à Delhi. D’après une étude, tout juste publiée, d’ONU Femmes et du Centre international de recherche sur la femme, menée d’octobre à novembre 2012, 5 % seulement des femmes et jeunes filles classaient les espaces publics de Delhi comme étant à l’abri des violences sexuelles.

L’enquête fait partie de l’initiative des Villes sûres exemptes de violence à l’égard des femmes et des filles d’ONU Femmes en partenariat avec le gouvernement de Delhi et l’organisation non gouvernementale JAGORI. Le programme de New Delhi est l’un des cinq projets pilotes suivants : Le Caire (Égypte), Kigali (Rwanda), New Delhi (Inde), Port Moresby (Papouasie – Nouvelle Guinée) et Quito (Équateur). Cette initiative fait elle-même partie de l’initiative plus large Villes sûres, qui vise à autonomiser les femmes et leurs communautés dans des milieux variés.

L’enquête sur les ménages en Inde a été menée sur un échantillon représentatif de 2 001 femmes et filles et de 1 003 hommes et garçons âgés de 16 à 49 ans. Les données proviennent de tous les quartiers de New Delhi : Malviya Nagar, Badarpur, Molarband, Zakir Nagar, Hari Nagar, Shahpurjat et Mayur Vihar Phase-I.

Les résultats peignent un portrait désolant des réalités quotidiennes que les femmes et les filles doivent affronter. Ainsi, 51 pour cent des hommes ont déclaré s’être livrés à des harcèlements ou des violences sexuelles contre les femmes et les filles dans les espaces publics de New Delhi. Dans l’étude, 25 pour cent ont indiqué l’avoir fait dans les six derniers mois.
En ce qui concerne les violences sexuelles, de nombreux hommes reprochent aux femmes leur comportement. Dans l’étude, trois hommes sur quatre déclaraient être d’accord avec l’affirmation suivante : « Les femmes provoquent les hommes par la façon de se vêtir ». Deux hommes sur cinq approuvaient partiellement ou complètement ceci : « Les femmes qui se déplacent la nuit méritent d’être harcelées sexuellement ».

Près de 73 pour cent des femmes ont indiqué ne pas se sentir en sécurité dans leur propre environnement et éprouvent un sentiment d’insécurité constant.
« Un changement des mentalités est un processus très long qui requiert efforts, persévérance et patience. Contrairement à l’idée reçue, il n’est pas certain qu’un contrôle de la mobilité des femmes puisse avoir des conséquences positives. En revanche, la participation des hommes jeunes à ce programme est indispensable pour qu’il soit efficace », a indiqué M. Rajiv Kale, Directeur du Service du développement de la femme et de l’enfant du Gouvernement de Delhi.

JAGORI, le partenaire d’ONU Femmes a effectué des audits sur la sécurité dans certaines zones sélectionnées afin qu’il soit procédé à un examen de l’infrastructure et de la sécurité existantes. Parmi les principales préoccupations citées par les femmes durant ces audits, on peut relever : un éclairage insuffisant près des arrêts d’autobus et des stations de métro, un manque de toilettes publiques pour les femmes et une peur généralisée. Cette enquête, ainsi que les audits sur la sécurité dans les bidonvilles et le Cadre pour des villes sûres contribueront à faire de Delhi une ville plus sûre pour les femmes.

« Le harcèlement et la violence sexuels dans les lieux publics ne sont pas tolérables. Nous devons unir nos efforts et travailler ensemble pour changer les comportements et les attitudes existantes. Nous en sommes tous responsables : hommes, femmes, familles, prestataires de service », a déclaré Anne F. Stenhammer, représentante régionale d’ONU Femmes pour l’Inde, le Bhoutan, les Maldives et le Sri Lanka.

Notre enquête montre que 95% des femmes &jeunes filles de #Delhi se sentent en danger dans les lieux publicsowl.li/hXXeL #WACAP

— ONU Femmes (@ONUFemmes) February 22, 2013