Je suis de la Génération Égalité : Fatmira Dajlani, victime d’un mariage forcé dans son enfance et militante

Chaque jour, un peu partout dans le monde, des milliards de personnes choisissent de se placer du bon côté de l’Histoire. Elles s’expriment, prennent position, se mobilisent, et entreprennent des actions, grandes ou modestes, pour faire avancer les droits des femmes. Elles sont de la Génération Égalité.

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Je suis la Generation Egalite
Fatmira Dajlani leads the “Roma Gateway for Integration” organization in Fushe Kruje, Albania . Photo: UN Women/Parllaku
Fatmira Dajlani. Photo: ONU Femmes/Yllka Parllaku

Je suis de la Génération Égalité parce que…

« Je ne veux pas que d’autres filles subissent les mêmes épreuves que moi. 

Pour lutter contre le mariage d’enfants, vous pouvez faire trois choses :

  • Promouvoir l’éducation des filles et informer les jeunes filles et leurs communautés des conséquences du mariage précoce.
  • Faciliter les échanges d’expérience entre les filles roms et les filles issues de communautés non roms.
  • Icon- a girl raises her arm
  • Rejoindre la campagne #GénérationEgalité en partageant des témoignages comme ceux-là sur les réseaux sociaux et avec vos amis.

On m’a mariée lorsque j’avais 14 ans. Je n’avais aucune idée de ce qu’était le mariage.

Il n’y a pas eu de fête, et encore moins de robe blanche. Juste une pièce où j’ai dû prouver que j’étais vierge. Je me souviens de la souffrance que j’ai éprouvée le premier jour de mon mariage. C’était il y a 24 ans, mais je revois cette période comme celle de ma vie qui a été la plus laide. Je n’étais qu’une enfant et je pensais que si je désobéissais, ma famille serait humiliée et notre honneur anéanti. 

J’ai commencé à travailler dans la communauté rom, parce que je voulais changer leur mentalité concernant le mariage des enfants. Je ne voulais pas que d’autres filles subissent les mêmes épreuves que moi. [Ma propre expérience] m’a poussée à travailler avec des jeunes filles, à les motiver à devenir indépendantes.

J’en parle tous les jours dans la communauté rom. J’explique aux filles ce qu’est le mariage, ce qu’il implique, et ce à quoi elles devront consentir si elles se marient trop tôt. Je dis aux filles qu’elles ne devraient pas se marier si elles n’en ont pas envie, même si leurs parents insistent. Je suis personnellement prête à les protéger si elles ne veulent pas se marier. Il y a eu de nombreux cas où les filles ont refusé, et les parents ont finalement arrêté d’insister.

L’éducation est la clef

Il devient très urgent de sensibiliser les filles et leurs mères à la question du mariage des enfants et de les impliquer dans cette lutte. Car lorsqu’une mère refuse de donner sa fille en mariage, cette dernière pourra échapper au mariage précoce. Mais le mode de pensée des parents par rapport au mariage d’enfants est un obstacle quasiment impossible à surmonter. Ils le justifient en prenant la culture et les traditions pour prétexte, mais tout cela est faux.

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“ Je ne veux pas que d’autres filles subissent les mêmes épreuves que moi.”

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Les filles roms doivent être informées, nous devons leur donner l’opportunité de devenir indépendantes. Dans la communauté rom de Fushë-Krujë (une ville située à 30 km de la capitale albanaise), les filles doivent arrêter l’école après la sixième, car elles sont considérées comme étant matures. Cette communauté rom compte environ 300 familles, et deux filles seulement ont pu aller au lycée puis à l’université.

Récemment, on a marié une fille de 12 ans, mais elle a divorcé au bout de deux semaines seulement.

Unissons nos forces pour mettre fin au mariage des enfants

Les filles roms de maintenant sont mieux informées sur le mariage précoce et elles ont compris qu’elles peuvent dire non au mariage et s’opposer à leurs parents. Mais les parents craignent que si leur fille n’est pas mariée avant ses 18 ans, personne ne voudra plus d’elle après. Tandis que pour les garçons, c’est différent. Ils ne se marient plus avant leurs 18 ans. Il est important de les sensibiliser à cette question eux aussi. Nous discutons avec les garçons des nombreux problèmes sociaux rencontrés dans leur communauté, notamment la violence conjugale, l’alcoolisme et la dépendance des jeux d’argent.

La lutte contre le mariage des enfants est l’affaire de tous. Plus le nombre de militants et d’institutions qui se joignent à la cause sera élevé, plus le changement sera profond. Il nous reste beaucoup de chemin à parcourir. » 



Fatmira Dajlani milite depuis 14 ans en Albanie et dirige l’organisation « Passerelle pour l’intégration des Roms » à Fushë-Krujë.