Des gouvernements, des défenseurs des droits fondamentaux et des experts de toute l’Asie et du Pacifique unissent leurs efforts pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes en prévision de la 57e session de la Commission de la condition de la femme

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Les gouvernements de toute l’Asie et du Pacifique se sont réunis à Bangkok les 5 et 6 février dernier pour unir leurs voix en vue de mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles. La réunion de haut niveau, organisée conjointement par le Bureau régional d’ONU Femmes pour l’Asie et le Pacifique et la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a servi de tribune aux représentants des gouvernements régionaux et leur a permis de débattre des questions essentielles, des difficultés et des priorités liées à la violence à l’égard des femmes, en préparation à la 57e session de la Commission de la condition de la femme (CSW57).

La prochaine réunion de la CSW57 — une Commission de l’ONU, qui se réunit tous les ans pour évaluer les progrès accomplis, fixer les normes mondiales et élaborer des politiques visant à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes — se tiendra à New York du 4 au 15 mars 2013 et mettra l’accent sur la prévention de la violence à l’égard des femmes.

Le principal document final de la CSW sera un ensemble de « conclusions convenues », d’accords et de mesures portant sur les moyens de mettre fin à la violence à l’égard des femmes, à l’intention des gouvernements, de la société civile et d’autres groupes.

En convoquant les membres des Gouvernements de la région de l’Asie et du Pacifique qui participeront en mars à la Commission pour négocier et finaliser ces accords, cette réunion a donné l’occasion de débattre des priorités régionales, des questions clés et des recommandations.

« La violence entrave les activités des femmes ; elle contribue, avec d’autres facteurs, à les maintenir hors des circuits économiques. Nous devons utiliser tout le potentiel des femmes si nous voulons développer nos pays », a dit Bikash Kishore Das, cosecrétaire du Ministère des affaires des femmes et des enfants du Bangladesh. Douze représentants gouvernementaux de la région (Chine, Géorgie, Indonésie, Iran, Japon, Malaisie, Mongolie, Philippines, République de Corée, Fédération de Russie et Thaïlande) représentant 12 États Membres élus de la CSW (sur un total de 45) ont abondé dans le même sens[1].

Au cours des deux jours de réunion, les participants ont indiqué que la violence à l’égard des femmes persistait dans leurs pays, ils ont fait part des difficultés qu’ils ont rencontrées et des progrès qu’ils ont accomplis, et ils ont mentionné un ensemble de recommandations communes quant aux prochaines mesures qu’il est nécessaire de prendre. Les thèmes essentiels qui ont été abordés étaient les suivants : l’importance d’une modification de la dynamique des rapports de force entre les sexes et d’une garantie de l’égalité entre les hommes et les femmes dans la sphère publique et privée ; le rôle crucial que jouent les médias dans leur contribution à la modification des normes et de la culture ; et la nécessité de mettre l’accent sur la prévention. Leurs recommandations ont été synthétisées dans un rapport final.

La réunion préparatoire de haut niveau a été précédée par une réunion de la société civile, qui s’est déroulée sur deux jours juste avant et a rassemblé les groupes de défense des droits des femmes pour les mêmes raisons. Cette première réunion, qui a été organisée conjointement par le Forum Asie-Pacifique sur les femmes, le droit et le développement, le Pacte pour les peuples autochtones asiatiques, le Centre de crise pour les femmes des Fidji et l’organisation internationale Asie-Pacifique des personnes handicapées a été rendue possible grâce à l’appui d’ONU Femmes. Elle a abouti à une déclaration empreinte de vigueur qui a été présentée aux représentants des gouvernements, les exhortant à agir courageusement et résolument pour prévenir et éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes.

La réunion de la société civile a permis d’aborder des questions clés portant sur la violence contre les femmes appartenant à des groupes marginalisés, telles que les femmes handicapées, les femmes séropositives, les autochtones et les travailleuses du sexe, entre autres.

Suneeta Dhar, membre de JAGORI, un groupe chargé de la défense des droits des femmes indiennes et de leur autonomisation, a débattu de l’importance qu’il y a à mettre fin à l’impunité dans les cas de violence à l’égard des femmes. Dhar s’est exprimée ouvertement sur la nécessité de procéder à des réformes politiques suite au viol collectif d’une étudiante de Delhi, qui a bouleversé la communauté internationale.

« Nous sommes tous concernés d’une manière ou d’une autre », dit Dhar. Si les militants des droits des femmes en Inde œuvrent depuis des décennies à l’élimination de la violence à l’égard des femmes, ce fait ignoble et très médiatisé a entraîné une action quasiment immédiate. Suite à un examen approfondi des lois nationales sur le viol par une commission, le Président indien a signé un décret exécutif qui renforce les lois actuelles et prévoit notamment des sanctions plus lourdes contre les agresseurs. « Nous sommes à un tournant de notre histoire », explique Dhar. « Beaucoup de travail a été accompli et est en préparation [pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes]. Le moment est arrivé ».