Déclaration d’ONU Femmes sur la Journée internationale des populations autochtones

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ONU Femmes se joint à d’autres agences sœurs du système des Nations Unies dans le cadre du phénomène actuel de reconnaissance du rôle essentiel que jouent les populations autochtones dans le monde. À une époque où la mobilité humaine progresse, nous reconnaissons que celles-ci maintiennent, ensemble, 80 pour cent de la biodiversité mondiale. C’est l’humanité tout entière qui leur est redevable de leur action conservatrice. En effet, si nous voulons atteindre l’objectif (ODD) nº 15 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et gérer durablement la vie sur terre, cette contribution vitale doit être reconnue et protégée de toute urgence. Il est temps d’écouter ce que les peuples autochtones, notamment les femmes, ont à dire à travers le monde et de prêter attention à leurs savoirs et préoccupations.

Les raisons pour lesquelles les personnes quittent leur foyer sont nombreuses. Sur le plan socioéconomique, la mobilité est souvent source de changements positifs, y compris en termes de revenu et de PIB. Toutefois, lorsque celle-ci est subie en raison de conflits, de précarité ou de problèmes environnementaux, les femmes et les filles autochtones courent davantage le risque de souffrir de faits de violence et de perdre leurs moyens de subsistance, conséquences de leur déplacement.

Selon un rapport publié en 2016 par le cabinet de conseil McKinsey sur la migration, une migration due au changement climatique est davantage probable dans les zones côtières, confrontées à un risque accru d’inondation dû non seulement à l’élévation du niveau de la mer, mais aussi à la destruction des récifs coralliens qui agissent comme un tampon contre l’action des vagues. Le rapport montre que les inondations constituent un risque « catastrophique » pour les populations côtières. Les habitants des îles Salomon en ressentent déjà les effets. Des régions entières, comme l’Asie du Sud-Est, qui abrite des minorités ethniques nombreuses et diverses, seront, à l’avenir, également exposées à ce risque. 

L’Instance permanente sur les questions autochtones 2018 a constaté que les industries extractives et les projets d’infrastructure à grande échelle représentent des menaces supplémentaires, telles que la violence sexuelle et sexiste, le déplacement et la migration forcée, pour les populations autochtones et les terres qu’elles protègent et dont elles dépendent. Ces violations se traduisent par une désintégration des familles et des communautés, avec des conséquences néfastes sur la capacité des femmes autochtones à accéder aux services essentiels, aux programmes de réadaptation et de réinsertion, au système de justice et à des dédommagements.

ONU Femmes sait que lorsque les ressources se raréfient, que ce soit par le fait du changement climatique, de la confiscation des terres, de catastrophes naturelles, de problèmes économiques ou de conflits, ce sont les femmes qui, la plupart du temps, doivent travailler plus dur et voyager plus loin pour trouver le moyen de nourrir leur famille. Lorsque les communautés autochtones sont contraintes de migrer, ce sont les femmes qui sont les plus vulnérables face à la violence et à l’exploitation tandis qu’elles essaient de démarrer une nouvelle vie pour elles-mêmes et les personnes dont elles ont la charge. C’est pour cette raison que nous avons veillé à nous entretenir avec des femmes représentantes des communautés autochtones Tharu, musulmanes et Madesi dans le cadre des consultations d’ONU Femmes menées afin de finaliser le projet de loi visant à mettre fin aux violences faites aux femmes au Népal.

ONU Femmes œuvre dans plusieurs domaines pour faire entendre les voix des peuples autochtones et prendre en compte leurs expériences dans ses initiatives visant à mettre fin à la violence contre les femmes et les filles. À Lenca, au Honduras, nous sommes favorables au développement de la stratégie de genre en faveur des femmes autochtones. Au Kenya, nous avons sensibilisé les femmes autochtones à la réduction des risques de catastrophes. En Colombie, nous favorisons la mise en place de forums de sensibilisation dédiés aux conseillers, aux autorités et aux gardes autochtones sur la prévention de la violence basée sur le genre sur le territoire awá.

En ces temps de célébration, engageons-nous plus que jamais à faire entendre les voix des populations autochtones et des femmes autochtones haut et fort.