Autonomiser les femmes séropositives en Guyane

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« Je voulais simplement faire une différence et changer la vie des femmes. Beaucoup d'autres femmes doivent avoir accès à l'autonomisation, , faire entendre leur voix et défendre leurs droits. »

Etre diagnostiqué avec le VIH conduit souvent à l'exclusion sociale. Pas pour Marlyn Cameron. Quand elle a été diagnostiquée en 2010, elle a pris les choses en main, et a rejoint le groupe de soutien « Sunshine Support Group » dans les Caraïbes, en Guyane, un réseau local qui œuvre pour l'autonomisation des femmes touchées par le VIH/sida. Au départ, Cameron voulait obtenir plus d'informations sur l'infection. Au lieu de ça, sa curiosité et son leadership l'ont menée bien plus loin : le jour-même où elle a rejoint le groupe, elle en a été élue présidente.

Depuis ce jour, elle dirige des projets d'autonomisation pour les femmes qui vivent avec le VIH dans différentes communautés en Guyane, a déclaré Cameron qui figurait parmi les participants, tout comme ONU Femmes, de la conférence Mondiale YWCA 2011 et du e Sommet International des Femmes, à Zurich, en Suisse. Cameron est membre de la Croix Rouge et du comité YWCA Guyane, qu'elle a représenté lors de la conférence.

Qu'elle soit en Guyane ou à l'étranger, le travail de Cameron avec les femmes séropositives est multiple. Elle reconnaît que la stigmatisation et la discrimination sont répandues dans son pays pour les femmes séropositives qui constituent plus de la moitié de la population, de 15 ans et plus, vivant avec le VIH/sida, selon une estimation d'UNAIDS 2009. La stigmatisation empêche souvent les femmes de révéler leur situation à leur mari et d'accéder aux services de soins, ce qui accroît les risques de transmission de la mère à l'enfant. Et cette stigmatisation crée beaucoup d'autres défis. Plus que le problème de l'accès aux soins, ou aux traitements, la malnutrition est un autre obstacle auquel sont confrontées les femmes séropositives en Guyane.

« Pour pouvoir prendre votre traitement, vous devez bien manger, mais comme de nombreuses femmes n'ont pas suffisamment à manger, elles ne viennent pas chercher leur traitement », déclare Cameron, qui œuvre à leur fournir des collations nutritives. Un programme mené en partenariat avec YWCA Guyane et le Sunshine Project propose des moyens de transport, de la nourriture, des médicaments, un accès à l'éducation et à la formation sous le même toit.

Cameron fait également partie des 15 experts certifiés pour la formation des patients en Guyane. En coopération avec la Pan American Health Organization (PAHO), et à la demande des Nations Unies, elle forme à présent des infirmières/infirmiers et d'autres travailleurs de la santé à la prévention du VIH et à la manière de mieux répondre aux besoins des femmes touchées par cette maladie. Dans ses cours intitulés “Blended Learning for AIDS, elle propose une formation en ligne qui atteint même des participantes en dehors des frontières de la Guyane, comme par exemple un groupe de Thaïlande la semaine prochaine.

Toutefois, il reste beaucoup plus à faire, d'après Mme Cameron. « Obtenir des aides financières constitue le plus grand défi pour nous », déclare-t-elle. « Nous devons inciter le gouvernement à être plus engagé. »

Actuellement, elle est à la recherche de subventions pour acheter des machines à coudre. Sa prochaine étape sera d'enseigner la couture aux femmes séropositives, une chance pour elles d'améliorer leurs possibilités économiques ainsi que leur accès au marché dans les environs d'hôpitaux qui achètent des draps et des taies d'oreillers.

Alors qu'elle attend davantage de soutien de la part du gouvernement, c'est chez elle qu'elle trouve l'énergie d'aller de l'avant. Mère de sept enfants, Mme Cameron puise son énergie de sa famille. « Mon fils de douze m'a dit: «Si tu meurs, je dois mourir aussi ». Donc je dois vivre pour qu'il vive. »

ONU Femmes a mené cette interview lors du Comité Mondial YWCA et du Sommet International des Femmes à Zurich en Suisse. Lors de l'événement, la directrice exécutive d'ONU Femmes, Michelle Bachelet était intervenante lors de la session d'ouverture, et ONU Femmes a animé plusieurs ateliers.

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