Discours de Mme Lakshmi Puri, Directrice exécutive adjointe d’ONU Femmes, sur l’avant-projet du document final de Rio+20

Date:

Discours de Mme Lakshmi Puri, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive adjointe d'ONU Femmes, lors des consultations initiales sur l'avant-projet du document final de Rio+20, à New York, le 25 janvier 2012.

[Verifier à l'ecoute.]

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Pour commencer, je souhaiterais remercier et féliciter les co-Présidents d'avoir préparé l'avant-projet du document final de Rio+20 ainsi que d'avoir fourni à ONU Femmes l'opportunité de mettre en exergue le caractère central de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes pour le développement durable.

Nous nous réjouissons du fait que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes aient été identifiées et incluses dans l'avant-projet en tant que priorités, thématiques clés et domaines intersectoriels. Toutefois, ainsi que de nombreuses délégations et groupes qui se sont exprimés avant moi l'ont déjà souligné, il convient de mieux refléter et renforcer les références à l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes dans l'ensemble du texte du document final. Nous avons suggéré d'utiliser un vocabulaire particulier pour l'avant-projet, notamment dans le préambule : renouveler l'engagement politique, faire participer les principaux groupes, cadre d'action, économie verte, cadre institutionnel, outils et partage des expériences, et objectifs au niveau du développement durable, entre autres. Nous espérons que les Etats membres tiendront compte de ces suggestions afin que les questions de genre soient mieux prises en compte dans le document final de Rio+20.

Nous partageons l'opinion des Etats membres selon laquelle le document final doit être plus équilibré, inclusif et orienté sur l'action. En outre, l'équité faisant partie de manière inaliénable du développement durable, le document final de Rio+20 doit reconnaître la précieuse contribution des femmes à la promotion du développement durable, et, dans le même temps, en tirer partie.

Cela est en fait déjà stipulé dans les Principes de Rio et l'Agenda 21. Le Principe 20 de la Déclaration de Rio affirme, je cite : « Les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le développement. Leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d'un développement durable. »

De même, le Chapitre 24 de l'Agenda 21 lui-même, les Stratégies prospectives de Nairobi pour la promotion de la femme, ainsi que la Déclaration et le Programme d'action de Beijing, ont tous reconnu et réaffirmé l'importante contribution des femmes sur le plan du développement durable. De même, le Système des Nations Unies, par le biais du Comité de haut niveau du Conseil des chefs de secrétariat sur la gestion (CEB), ainsi que les Etats membres eux-mêmes dans leurs déclarations et interventions au sein des différents forums multilatéraux, des réunions bilatérales, et des réunions et manifestations parrainées par ONU Femmes, ont reconnu qu'il existe un lien crucial entre l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et le développement durable dans ses trois dimensions : le développement social et économique, et la protection environnementale. Nous estimons en fait que la prise en compte de ce fait dans le document final pourrait être l'une des plus importantes valeurs ajoutées de la Conférence Rio+20.

Nous remercions tous les Etats membres et les groupes qui ont eux aussi souligné le besoin de renforcer les références à l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes dans l'avant-projet et de mettre l'accent sur les liens cruciaux entre l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et le développement durable.

Permettez-moi de présenter un résumé des messages clés d'ONU Femmes, qui pourra être utile aux Etats membres lorsqu'ils négocieront sur un document final de Rio+20 reflétant de manière appropriée le rôle essentiel joué par les femmes dans le développement durable et affirmant que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes sont cruciales pour atteindre le développement durable dans ses trois dimensions.

  1. Les femmes sont et peuvent être des agents, des dirigeantes et des participantes puissantes à même de promouvoir les trois piliers du développement durable, si elles se voient assurer un accès égal aux opportunités et aux ressources ainsi qu'aux finances, aux méthodes et à la technologie, et si on leur permet d'accéder aux postes de prise de décisions cruciaux pour pouvoir agir en faveur du développement durable.
  2. La participation, l'action et le leadership des femmes doivent favoriser la transition vers une économie verte, et soutenir la croissance d'une telle économie dans le cadre du développement durable et de l'éradication de la pauvreté, et leur apportera des bénéfices tangibles. Les gouvernements et le secteur privé doivent adopter des mesures spéciales en vue d'autonomiser les femmes en tant que productrices et consommatrices, d'un bout à l'autre de la chaîne de valorisation, dans le cadre d'une économie verte.
  3. Tout cadre institutionnel sur le développement durable doit pleinement reconnaître et intégrer une démarche tenant compte des questions de genre dans son mandat global consistant à promouvoir le développement durable. Il convient en outre d'assurer la pleine participation et le leadership des femmes comme des hommes dans la prise de décisions et la gestion environnementale à tous les niveaux. Il faut mettre en place des mécanismes en vue d'augmenter la proportion de femmes aux postes de prise de décisions et managériaux, en vue d'assurer la mise en œuvre d'un développement durable tenant compte des questions de genre et sensible au genre.
  4. Les femmes doivent être à la fois bénéficiaires et contributrices, se voir offrir des rôles de direction et pouvoir être entendues et représentées dans le cadre de tout mécanisme international qui serait créé ou dont la création serait proposée, y compris ceux visant à combler le fossé technologique et à assurer le transfert de technologies sur le développement durable, ainsi que de tout mécanisme de renforcement des capacités.
  5. Au moment de mesurer les progrès et les résultats accomplis par la communauté internationale pour promouvoir le développement durable, des indicateurs appropriés sensibles au genre doivent être adoptés pour assurer l'exhaustivité des informations et refléter des résultats précis dans ce domaine.
  6. Les objectifs de développement durable doivent intégrer l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes comme objectifs en tant que tels. Tous les autres objectifs en matière de développement durable doivent de même comporter une perspective et des préoccupations de genre. Tout objectif de développement durable doit de même traiter des questions de la finance, de la technologie et d'autres modalités et outils permettant sa mise en œuvre. Tous doivent tenir compte des préoccupations de genre.
  7. Toutes les parties prenantes ont un rôle à jouer pour assurer que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes sont intégrés dans l'ordre du jour du développement durable et dans les cadres de mise en œuvre. Un préalable fondamental à la réalisation du développement durable est une large participation du public à tous les niveaux de la prise de décisions. Le développement durable exige la participation significative et active des principaux groupes, dont les femmes. Pour que tous les acteurs concernés puissent mieux et plus efficacement y participer et faire entendre leurs voix, il convient d'accroître la proportion de femmes participant à la prise de décisions, à la planification et à la mise en œuvre des politiques et programmes en faveur du développement durable.

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