Déclaration commune : Journée internationale de la fille 2012

Date:

Déclaration commune
Directeurs exécutifs de l'UNICEF, de l'UNFPA et d'ONU Femmes

Le 11 octobre marque la première Journée internationale de la fille. Cette journée attire l'attention sur la nécessité de remédier aux difficultés auxquelles sont confrontées les filles, de promouvoir leur autonomisation et de garantir le respect de leurs droits.

Cette année, nous avons convenu de mettre l'accent sur les mariages d'enfants.

Les mariages d'enfants constituent une violation des droits humains. Leur pratique est répandue dans plusieurs régions du monde, en particulier dans des zones rurales et parmi les communautés les plus précarisées. À l'échelle mondiale, dans les pays en voie de développement (à l'exception de la Chine), près d'une jeune femme sur trois gée de 20 à 24 ans a été mariée avant son 18ème anniversaire, soit environ 70 millions d'entre elles au total.

Les conséquences des mariages d'enfants sont aussi graves que diverses. Non seulement les filles sont exposées au risque d'une grossesse précoce et non désirée, mais les complications associées à la grossesse et à l'accouchement sont parmi les premières causes de décès au monde chez les filles de 15 à 19 ans.

Les enfants mariées courent également plus de risques d'être victimes de discrimination et de violence. Trop souvent, elles n'ont pas, ou très difficilement, la possibilité de quitter leur partenaire violent et d'obtenir l'aide sociale et juridique dont elles ont besoin pour améliorer leur situation.

Il est fréquent que les fardeaux collectifs des travaux ménagers, la garde des enfants et la pression familiale empêchent ou interrompent prématurément l'éducation d'une enfant mariée. Les filles les moins scolarisées sont les plus susceptibles d'être mariées très jeunes. La probabilité de se marier au cours de son enfance est jusqu'à six fois moindre pour celles qui suivent l'enseignement secondaire. Ces filles sont également plus susceptibles d'envoyer leurs propres enfants à l'école.

La scolarité est une des meilleures stratégies pour protéger les filles contre le mariage d'enfants et leur donne l'occasion de construire une vie meilleure pour elles-mêmes, leurs familles et leurs communautés.

Si nous pouvons mettre un terme aux mariages d'enfants, nous pouvons changer la vie de filles du monde entier. Nous pouvons les aider à apprécier leur enfance, les inscrire à l'école et les protéger de grossesses et de naissances à complications. Nous pouvons assurer leur sécurité. Et en agissant ainsi, nous contribuons à briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté.

Nous exhortons les gouvernements, les organisations de la société civile, le secteur privé, les groupes confessionnels et la communauté internationale à redoubler d'efforts pour :

  • Mettre en place des lois portant à 18 ans l'ge minimum du mariage pour les filles ;
  • Favoriser un accès équitable à des études primaires et secondaires de qualité ;
  • Mobiliser les filles, les garçons, les parents et les dirigeants pour changer les normes qui créent une discrimination basée sur le genre et ouvrir des possibilités sociales, économiques et civiques alternatives pour les filles ;
  • Aider les filles qui ont déjà été mariées en leur offrant la possibilité d'aller à l'école ainsi qu'en leur offrant des services et des informations sur la santé sexuelle et reproductive, notamment sur la prévention du VIH, les moyens de subsistance et les recours contre la violence conjugale ;
  • S'attaquer aux causes fondamentales des mariages d'enfants, parmi lesquelles la violence contre les filles et les femmes.

Nous devons galvaniser l'engagement politique et consacrer des ressources à des actions qui permettent aux filles de prendre conscience de leurs droits et de s'épanouir. Ensemble, nous pouvons mettre fin aux mariages d'enfants.

Anthony Lake
Directeur exécutif, UNICEF

Babatunde Osotimehin
Directeur exécutif, UNFPA

Michelle Bachelet
Directrice exécutive, ONU Femmes