Déclaration de Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes, à l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines

Date:

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 appelle avec une urgence renouvelée l’importance d’appliquer une « tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines », en qualifiant explicitement ces dernières de « pratiques préjudiciables » à éradiquer dans le cadre de nos efforts collectifs en vue de parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes.

Aujourd’hui, nous réaffirmons le droit de chaque fille à vivre comme un être humain à part entière, pouvant disposer librement de son corps et faire des choix éclairés le concernant. Près de 200 millions de femmes et de filles, de 30 pays, ont déjà subi des mutilations génitales féminines (MGF). Dans la plupart des pays, la majorité d’entre elles ont été excisées avant l’âge de cinq ans.

Il n’est pas simple de remettre en question les coutumes et de les faire évoluer. Pourtant, là où ces pratiques contribuent à perpétuer les disparités basées sur le genre, c’est ce que nous devons faire. Nous devons nous appuyer sur les accords convenus sur le plan international qui condamnent universellement cette forme d’atteinte des plus intimes. 

Les législations interdisant les MGF, accompagnées de politiques qui en garantissent la stricte application, sont l’un des principaux outils du changement. Bien que 41 pays aient déjà criminalisé les MGF, ces lois n’ont pas encore eu l’effet escompté dans tous les pays.

Le mois prochain, lors d’une série de rencontres et d’activités qui rassembleront des milliers de représentantes et représentants des gouvernements et de la société civile, la Commission de la condition de la femme examinera les progrès accomplis sur le plan mondial pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles, y compris et en premier lieu les pratiques de MGF, dans le contexte de la priorité mondiale accordée au thème de l’autonomisation des femmes et de son lien avec le développement durable. Le vaste champ de cet examen souligne que nous sommes conscientes et conscients de la nécessité d’adopter une approche exhaustive pour traiter les causes profondes des disparités basées sur le genre, de la violence à l’égard des femmes et des filles, et des pratiques

préjudiciables telles que les MGF.

La fréquence des MGF diminue dans la plupart des pays — mais elles sont loin d’avoir disparu. Leur éradication constitue également une étape essentielle dans la réalisation des autres objectifs de développement durable, et notamment des cibles concernant la santé et le bien-être, l’éducation de qualité, le travail décent et la croissance économique. Tous ces éléments se trouvent en effet renforcés par les efforts en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles et de l’égalité des sexes.

Certaines perspectives sont encourageantes : des plans d’action nationaux sont mis en place dans un nombre croissant de pays, grâce auxquels les gouvernements soutiennent la mobilisation communautaire dans les activités de prévention, mettent en place des lignes téléphoniques pour signaler les cas de MGF et fournir des informations sur les services de soutien, et créent des cliniques spécialisées pour le traitement des victimes.

En collaboration avec les gouvernements, le système des Nations Unies, la société civile et les médias, nous devons continuer à changer la manière dont les filles sont perçues au sein de leur communauté pour atténuer les pressions qu’elles subissent de la part de leur famille, de leur communauté et de leurs pairs, pour contribuer à identifier d’autres rites de passage et des sources de revenus alternatives pour celles qui vivent de ce rituel, et pour trouver des solutions novatrices, par exemple en associant les hommes à l’évolution des mentalités. Que cette Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines soit l’occasion de redoubler nos efforts collectifs pour parvenir à nos objectifs et éradiquer une fois pour toutes les MGF.