L’égalité des sexes et l’Assemblée générale des Nations Unies : Faits et informations contextuelles à connaître

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Publié à l'origine sur un-women.medium.com

L’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) est la plus grande rencontre annuelle de dirigeants internationaux au monde. Elle se déroule au cours d’une semaine remplie de rencontres, composées de délibérations, de discours, de rencontres parallèles et même d’interventions de célébrités. 

Bien que l’AGNU ait été le cadre d’un certain nombre de moments historiques en faveur de l’égalité des sexes, il reste encore beaucoup à accomplir en matière de représentation et de participation des femmes.

Au cours des 76 années d’existence de l’AGNU, seulement quatre femmes ont été élues à sa présidence et seulement 22 des 193 États membres actuellement représentés ont une femme cheffe d’État ou de gouvernement. Jamais une femme n’a été Secrétaire générale des Nations Unies.

En vue de la 76e session de l’AGNU (du 14 au 28 septembre 2021), nous nous penchons sur l’histoire de l’égalité des sexes et l’Assemblée générale.

2021 (AGNU 76)

L’AGNU 76 se focalisera sur le thème « Miser sur l’espoir pour renforcer la résilience afin de se relever de la COVID-19, reconstruire durablement, répondre aux besoins de la planète, respecter les droits des personnes et revitaliser l’Organisation des Nations Unies ». Parce que les incidences des crises ne sont jamais indifférentes à l’égard du genre et que la COVID-19 n’y fait pas exception, dans le cadre des solutions qu’ils envisagent pour se relever de la COVID-19 et renforcer leur résilience face au virus, les États membres doivent agir résolument pour lutter contre les effets disproportionnés de la pandémie sur les femmes.

2020 (AGNU 75)

En 2020, pour la toute première fois de son histoire, l’AGNU s’est tenue par voie virtuelle en raison de la pandémie de COVID-19. Compte tenu des nouvelles données et des rapports sur l’intensification de tous les types de violences à l’égard des femmes et des filles, en particulier des cas de violence domestique, le Secrétaire général a appelé les gouvernements à prendre des engagements et à consacrer des ressources en vue de mettre fin à cette « guerre cachée contre les femmes ».

La 75e session de l’AGNU est intervenue un quart de siècle après l’adoption en 1995 de la Déclaration et du Programme d’action phares de Beijing, un plan complet en faveur des droits des femmes et de l’égalité des sexes à l’échelle mondiale. La session a marqué le 25e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing par une rencontre de haut niveau, au cours de laquelle les dirigeants mondiaux ont présenté des actions visant à accélérer la pleine réalisation de l’égalité des sexes.

2019 (AGNU 74)

Le 23 septembre 2019, Greta Thunberg s’est adressée à l’assemblée des dirigeants mondiaux lors du Sommet des Nations Unies Action Climat 2019 qui s’est tenu à New York préalablement au débat général de haut niveau.

Pour la toute première fois, une délégation exclusivement féminine a siégé dans la salle de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette délégation norvégienne, qui comprenait la Première ministre Erna Solberg, la ministre des Affaires étrangères Ine Marie Eriksen Søreide et l’ambassadrice des Nations Unies Mona Juul, ainsi que les parlementaires Liv Signe Navarsete, Ingjerd Schou et Linda H. Helleland, a marqué un moment historique dans un forum de diplomatie internationale dominé par les hommes.

2018 (AGNU 73)

Pour la première fois de son histoire, l’Organisation des Nations Unies a instauré la parité des sexes parmi ses hauts responsables lors de la 73e session de l’AGNU.

María Fernanda Espinosa Garcés est devenue la quatrième femme en 73 années d’existence des Nations Unies à être élue présidente de l’Assemblée générale.

María Fernanda Espinosa Garcés became only the fourth woman in the 73-year history of the United Nations to be elected President of the General Assembly.

María Fernanda Espinosa Garcés (right), President of the 73rd session of the General Assembly, holds the gavel after the handover from Miroslav Lajcák (centre), President of the 72nd session of the General Assembly. At left is Secretary-General António Guterres. Photo: UN Photo: Manuel Elias
María Fernanda Espinosa Garcés (à droite), Présidente de la 73e session de l'Assemblée générale, tient le marteau après la passation de Miroslav Lajcák (au centre), Président de la 72e session de l'Assemblée générale. À gauche, le secrétaire général António Guterres. Photo : UN Photo/Manuel Elias

La Première ministre de la Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern, est entrée dans l’histoire lors du débat général de haut niveau en tant que première dirigeante mondiale à participer à l’AGNU avec son nouveau-né dans les bras.

2017 (AGNU 72)

L’Union européenne et les Nations Unies ont lancé l’Initiative Spotlight, qui vise à éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles.

L’organisation de la Coupe du monde des Objectifs mondiaux, un tournoi de football exclusivement féminin, a permis de promouvoir le pouvoir du sport dans l’avancement de l’égalité des sexes et la transformation du monde.

2016 (AGNU 71)

ONU Femmes a lancé son initiative de programme phare, « Prendre en compte chaque femme et chaque fille », qui vise un changement radical de l’utilisation, de la création et de la promotion des statistiques sur l’égalité des sexes.

Le premier rapport du panel de haut niveau sur l’autonomisation économique des femmes présentait un certain nombre de facteurs permettant de faire avancer l’égalité des sexes.

2015 (AGNU 70)

Les 17 Objectifs de développement durable (ODD) ont été adoptés par tous les États membres des Nations Unies en 2015, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui établit un plan de 15 ans en vue de réaliser les Objectifs.

Bien que l’ODD 5 soit spécifiquement consacré à l’instauration de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et les filles, presque tous les objectifs comprennent des cibles spécifiques à l’égalité des sexes. Ce n’est qu’en garantissant les droits des femmes et des filles dans l’ensemble des objectifs que nous parviendrons à assurer la justice et l’inclusion, à développer des économies qui bénéficient à tous et à préserver l’environnement que nous partageons, aujourd’hui et pour les générations futures.

2010 (AGNU 65)

Pendant de nombreuses années, l’Organisation des Nations Unies s’est heurtée à d’importantes difficultés dans ses efforts de promotion de l’égalité des sexes à l’échelle mondiale, notamment dans l’insuffisance des financements et dans l’absence de mécanisme reconnu pour diriger les activités des Nations Unies concernant les questions liées à l’égalité des sexes.

En vue de surmonter ces défis, l’AGNU a créé ONU Femmes, l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, en juillet 2010.

Ce faisant, les États membres ont pris des dispositions historiques pour accélérer les objectifs de l’Organisation liés à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.

2006 (AGNU 61)

resident of the General Assembly, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa at a concert in the general assembly hall, in May 2007. Photo: UN Photo/Ryan Brown
La présidente de l'Assemblée générale, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa lors d'un concert dans la salle de l'Assemblée générale, en mai 2007. Photo : UN Photo/Ryan Brown

Sheikha Haya Rashed Al Khalifa du Bahreïn a présidé la soixante et unième Assemblée générale – la première femme depuis 1969 à assumer cette fonction et seulement la troisième depuis la fondation des Nations Unies.

Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Liberia, a été la première femme d’Afrique à s’adresser à l’Assemblée générale. Mme Sirleaf a été présidente de son pays de 2006 à 2018. Elle a été la première femme africaine à être élue cheffe d’État dans le cadre d’élections démocratiques.

1996 (AGNU 51)

Le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies) a été créé par la résolution 50/166 de l’Assemblée Générale de l’ONU en réponse directe à la Déclaration et à la Plateforme d’Action de Pékin.

Géré par ONU Femmes au nom du système des Nations Unies, le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies est le seul fonds multilatéral mondial d’octroi de subventions consacré à l’éradication de toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles. Depuis sa création il y a 25 ans, le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies a versé 198 millions de dollars pour financer 609 initiatives dans 140 pays et territoires.

1979 (AGNU 34)

L’Assemblée générale a adopté la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), souvent désignée comme « déclaration internationale des droits de la femme ». Dans ses 30 articles, la Convention définit explicitement la discrimination à l’égard des femmes et établit un programme d’action nationale pour y mettre un terme.

1975 (AGNU 30)

The World Conference of the International Women's Year opened at the Juan de la Barrera Gymnasium in Mexico City on 19 June 1975 with 110 delegations represented at the opening session, with women delegates outnumbering the men by about six to one. Photo: UN Photo/B Lane
La Conférence mondiale de l'Année internationale de la femme s'est ouverte au gymnase Juan de la Barrera à Mexico le 19 juin 1975 avec 110 délégations représentées à la séance d'ouverture, les femmes étant six fois plus nombreuses que les hommes. Photo : UN Photo/B Lane

L’Année internationale de la femme a été approuvée par l’Assemblée générale en vue d’attirer l’attention sur l’égalité entre les femmes et les hommes et sur les contributions que les femmes apportent au développement et à la paix.

1969 (AGNU 24)

Angie E. Brooks, Assistant Secretary of State of Liberia. Photo: UN Photo
Angie E. Brooks, secrétaire d'État adjointe du Libéria. Photo : UN Photo 

La juriste et diplomate libérienne Angie Brooks est devenue la deuxième femme présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies.

1963 (AGNU 18)

Dans le cadre des efforts déployés pour consolider les normes de défense des droits des femmes, la 18e Assemblée générale a prié la Commission d’élaborer une Déclaration sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, que l’Assemblée a ensuite adoptée en 1967.

1958 (AGNU 13)

(From left) Ambassador Sivert A. Nielsen, (Norway), Ambassador Agda Rossel (Sweden), and Secretary-General Dag Hammarskjöld speak informally. Photo: UN Photo/MB
(De gauche à droite) L'Ambassadeur Sivert A. Nielsen (Norvège), l'Ambassadeur Agda Rossel (Suède) et le Secrétaire général Dag Hammarskjöld s'expriment de manière informelle. Photo : UN Photo/MB

Agda Rössel (Suède) est devenue la première femme représentante permanente des Nations Unies.

1953 (AGNU 8)

Vijaya Lakshmi Pandit, of India, President of the 8th UN General Assembly with UN Secretary-General Dag Hammarskjöld in the Security Council chamber before the meeting of Steering Committee). Photo: UN Photo/AF
Vijaya Lakshmi Pandit, de l'Inde, président de la 8e Assemblée générale des Nations Unies avec le Secrétaire général des Nations Unies Dag Hammarskjöld dans la salle du Conseil de sécurité avant la réunion du Comité directeur). Photo : UN Photo/AF

Vijaya Lakshmi Pandit de l’Inde est devenue la première femme à être élue présidente de l’Assemblée générale.

1948 (AGNU 3)

Eleanor Roosevelt of the United States holding a poster of the Universal Declaration of Human Rights. Lake Success, NY, November 1949. UN Photo
Eleanor Roosevelt des États-Unis tenant une affiche de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Lake Success, NY, novembre 1949. Photo : UN Photo 

L’égalité des sexes a été incorporée dans le droit international des droits de l’homme par la Déclaration universelle des droits de l’homme, que l’Assemblée générale a adoptée le 10 décembre 1948.

Eleanor Roosevelt était la présidente du comité de rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme et Hansa Mehta de l’Inde était l’unique autre femme déléguée. Mme Mehta est parvenue à faire remplacer « Tous les hommes naissent libres et égaux » dans l’Article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme par « Tous les êtres humains naissent libres et égaux ».

1946 (la première session de l’Assemblée générale des Nations Unies)

La première session de l’Assemblée générale des Nations Unies s’est ouverte le 10 janvier 1946 à Central Hall à Londres au Royaume-Uni. Lors de la session inaugurale, Eleanor Roosevelt a convoqué une réunion des femmes déléguées, au cours de laquelle elle a lu sa célèbre « lettre ouverte aux femmes du monde entier », les exhortant à s’impliquer davantage dans les affaires nationales et internationales.

Frieda Dalen, Alternate Delegate of Norway and Rapporteuse of the Social, Humanitarian and Cultural Committee, addresses the first session of the General Assembly of the United Nations. Photo: UN Photo/VH
Frieda Dalen, Déléguée suppléante de Norvège et Rapporteuse du Comité social, humanitaire et culturel, s'adresse à la première session de l'Assemblée générale des Nations Unies. Photo : UN Photo/VH

La Norvégienne Frieda Dalen est devenue la toute première femme à s’adresser à l’Assemblée générale.

1945

Suite aux ravages de la Deuxième Guerre mondiale, l’Organisation des Nations Unies a été établie en 1945 pour promouvoir la coopération internationale. Sa charte entérine l’égalité des sexes :

« Nous, peuples des Nations Unies (…) proclamons notre foi (…) dans l’égalité des droits des hommes et des femmes ».

Quand les représentants des 50 États alliés se sont réunis à San Francisco en vue de créer une nouvelle organisation internationale, les gouvernements de ces États étaient pratiquement tous dominés par des hommes. En effet, seulement 30 des pays présents avaient accordé le droit de vote aux femmes. Il n’y avait quasiment aucune femme ministre – seul un pays avait une cheffe d’État (une position héritée aux fonctions principalement cérémonielles) – et, parmi les 26 parlementaires en fonction à l’époque, seulement trois pour cent des députés étaient des femmes.

Minerva Bernardino, President, Inter-American Commission of Women, member of the Delegation from the Dominican Republic, signing the United Nations Charter at a ceremony held at the Veterans' War Memorial Building in San Francisco, California on 26 June 1945. Photo: UN Photo
Minerva Bernardino, présidente de la Commission interaméricaine des femmes, membre de la délégation de la République dominicaine, signant la Charte des Nations Unies lors d'une cérémonie tenue au Veterans' War Memorial Building à San Francisco, Californie, le 26 juin 1945. Photo : UN Photo

Il n’y avait que huit femmes parmi les 800 délégués qui étaient présents à la signature de la Charte des Nations Unies – le document fondateur de l’Organisation. Parmi ces femmes se trouvait la déléguée australienne Jessie Street, qui a veillé à ce que, parmi les clauses de non-discrimination dans le respect des droits humains et des libertés fondamentales pour tous, soient inclus le sexe, la race, la langue et la religion.

Sur les 160 signataires, seulement quatre étaient des femmes – Minerva Bernardino (République dominicaine), Virginia Gildersleeve (États-Unis), Bertha Lutz (Brésil) et Wu Yi-fang (Chine) –, mais elles ont réussi à entériner les droits des femmes dans la Charte des Nations Unies, qui est devenue le premier accord international à proclamer l’égalité des droits entre les hommes et les femmes en tant que droits humains fondamentaux.