Les femmes inversent la tendance en ce qui concerne la violence et la discrimination

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Indira Bajramovic est une pionnière en matière de lutte pour le droit des femmes Roms en Bosnie-Herzégovine. (Crédit photo: TNT Studio)

« Beaucoup de femmes, en particulier dans les communautés Roms, souffrent de multiples formes de violence sans même s'en apercevoir, » a déclaré Indira Bajramovic. « Nous œuvrons afin que la violence contre les femmes soit reconnue sous toutes ses formes et nous soutenons les survivantes dans leur démarches pour recouvrir leurs droits et obtenir la protection à laquelle elles ont droit. »

La violence domestique figure parmi les formes les plus répandues de violence en Bosnie-Herzégovine. La situation est particulièrement préoccupante pour les femmes Roms. En tant que membres d'un groupe ethnique qui fait l'objet de discrimination à travers toute l'Europe, elles font face à une barrière double. Cette situation est aggravée par l'impunité des auteurs d'actes de violence : les femmes Roms sont plus exposées à la violence et leurs décisions sont limitées.

Grce au soutien du Fonds d'affectation spéciale contre les femmes, une organisation de défense des droits fondamentaux Rights for All travaille en collaboration avec des dirigeantes Roms pour inverser la tendance.

Unis en faveur des droits des femmes Roms

Indira Bajramovic a rejoint une organisation de femmes Roms en tant que secrétaire en 2000. C'était la seule femme. Très vite, d'autres femmes Roms se sont tournées vers elle pour lui confier leurs problèmes. La même année, Indira a quitté son emploi pour fonder la première organisation de femmes Roms en Bosnie-Herzégovine, Better Future.

Melina Halilovic avait seulement 16 ans lorsqu'elle est devenue enseignante bénévole pour aider des enfants Roms ayant abandonné l'école. « L'éducation m'a permis de surmonter mes problèmes, j'ai donc voulu inciter les autres à faire de même,» a-t-elle-déclaré, Mélina est assistante sociale et présidente de l'initiative jeunesse intitulée Be My Friend.

Les chemins d'Indira et de Melina se sont croisés en 2010, quand Rights for All leur a demandé de rejoindre un réseau constitué de 10 membres de dirigeantes Roms afin de redoubler d'efforts pour combattre la violence contre les femmes Roms.

Melina Halilovic dirige une initiative pour la jeunesse Rom en Bosnie-Herzégovine. Ses compétences ont pu être renforcées grce au Fonds d'affectation spéciale. « Dans le passé, quand les femmes me parlaient de violence subie au sein de leur foyer, je ne savais pas exactement comment intervenir. Maintenant, je sais, » déclare-t-elle. (Crédit photo: TNT studio)

Leur réseau a débuté par une étude approfondie sur la violence et d'autres violations des droits fondamentaux des femmes Roms—la première du genre en Bosnie-Herzégovine. Les résultats de ce sondage sont alarmants. Sur 609 femmes interviewées, plus de 43 pourcent ont déclaré avoir subi une forme de violence, alors que 76 pourcent connaissaient une femme dans cette situation. Plus de 17 pourcent ont déclaré avoir souffert de violence sexuelle. Les chiffres sont plutôt à relativiser, la violence étant sous-signalée dans les communautés Roms, de part, entre autres leur isolation et le manque de reconnaissance des différentes formes de violence.

Les femmes Roms qui rentrent en contact avec la police sont confrontées à un manque constant d'assistance. Cette constatation est réaffirmée par les propos d'une femme Rom: « J'ai renoncé à contacter la police… lorsque l'on appelle, on nous répond souvent, « vous devez faire avec le business gitan.»

Architecte du changement

L'étude a aidé Rights for All et les dirigeantes Roms à placer cette problématique au cœur des discussions publiques agissant comme agents du changement. Les représentants gouvernementaux locaux en charge du soutien des femmes affectées par la violence unissent leurs efforts à ceux des dirigeantes Roms pour soutenir les survivantes de manière plus efficace. Indira a été invitée à rejoindre le comité consultatif sur l'intégration sociale de la mairie de Tuzla, ville où elle réside. Tuzla recense la plus grande communauté Rom en Bosnie-Herzégovine. Mais son groupe est la seule organisation Rom à figurer au sein du comité.

Pour assister les femmes directement affectées par la violence dans 10 communautés Roms à travers le monde, les dirigeantes ont suivi une formation d'assistance juridique. Durant les 5 premiers mois de leur formation, elles ont soutenu 90 cas. Pour de nombreuses survivantes, c'est la première fois qu'elles entendaient parler de l'existence de ce type d'assistance.

L'action commune des femmes Roms est cruciale quand il s'agit de soutenir les femmes affectées par la violence, et pour plaider en faveur de l'égalité et avec diligence dans les institutions juridiques et étatiques.

D'une énergie à toute épreuve pour défendre les groupes de femmes les plus discriminées, Indira, Melina, et leurs collègues se mobilisent pour que nulle femme ne soit mise a l'écart dans la lutte pour la promotion des droits des femmes. « Cette tche n'est pas sans difficulté, mais reste réalisable, quand vous voulez devenir acteur du changement,» a déclaré Melina.

Géré par ONU Femmes au nom du système des Nations Unies, le Fonds d'affectation spéciale de l'ONU pour mettre un terme à la violence contre les femmes s'établit comme une source de soutien principale pour les projets innovants combattant l'une des questions les plus pressantes de notre époque. Le Fonds d'affectation spéciale de l'ONU repose sur les contributions bénévoles et votre donation est essentielle ! Rejoignez-nous dans ce travail vital. Faites une contribution au Fonds d'affectation spéciale.

Liens connexes

  • Pour en apprendre davantage sur les femmes Roms en Bosnie-Herzégovine, vous pouvez consulter: www.youthatrisk.eu.