Accélérer l’égalité des sexes à travers le monde: un défi pour ONU Femmes

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Discours de la Directrice exécutive adjointe d'ONU Femmes et Sous-Secrétaire générale Lakshmi Puri lors de la réunion des commités nationaux d' ONU Femmes à Sydney, en Australie, le 5 septembre 2011.

[Vérifier à l'écoute.]

Bonjour. Je salue les propriétaires traditionnels de la terre sur laquelle nous nous réunissons, et présente mes respects à leurs anciens, passés et présents.

Représentants des Comités nationaux, Membres du parlement, Mesdames et Messieurs, c'est un grand plaisir pour moi de me trouver ici devant des dirigeants et partisans si distingués de l'égalité des sexes et des droits des femmes à travers le monde. Beaucoup d'entre vous ont joué un rôle dans la création d'ONU Femmes, vous joignant aux partisans des droits des femmes qui, à l'intérieur comme à l'extérieur des gouvernements, ont défendu la création de cette nouvelle entité pendant plus de quatre ans.

Je veux remercier le Comité national australien d'ONU Femmes pour avoir organisé cette manifestation et pour accueillir la réunion annuelle des Comités nationaux cette année. Je souhaiterais également souligner la participation, un peu plus tard aujourd'hui, de la Ministre Ellis à cette manifestation.

Les Comités nationaux d'ONU Femmes sont des organisations non gouvernementales indépendantes qui appuient la mission d'ONU Femmes par le biais de leurs programmes d'adhésion, d'éducation du public sur ONU Femmes et sur les questions intéressant les femmes au niveau mondial, ainsi que d'initiatives de collecte de fonds visant à appuyer les programmes d'ONU Femmes de par le monde. A l'heure actuelle, ONU Femmes compte des comités nationaux dans 18 pays, et nous leurs sommes véritablement reconnaissants de leur engagement et appui continus.

Cette visite est ma première en Australie, et je suis heureuse qu'elle ait lieu à un moment aussi crucial pour ONU Femmes. L'Australie appuie fermement ONU Femmes et s'est énergiquement engagée auprès de nous sur les domaines cruciaux de notre travail visant à promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, afin que les femmes et les filles puissent jouir de leur liberté, de toutes les opportunités offertes et d'une vie empreinte de dignité, comme chacun en a le droit.

Le cadre du partenariat entre ONU Femmes et le Gouvernement australien stipule des principes directeurs partagés pour une collaboration et une coopération pratiques futures. Je suis impatiente de travailler avec votre gouvernement en vue de renforcer les efforts visant à réaliser l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, qui est l'un des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et est essentiel pour la réalisation de tous les autres OMD.

L'appui du gouvernement australien complète l'engagement des particuliers auprès du Comité national australien, et celui de l'Ambassadrice de bonne volonté d'ONU Femmes, Nicole Kidman, en faveur de la campagne Dites NON - Tous Unis pour mettre fin à la violence contre les femmes du Secrétaire général des Nations Unies.

ONU Femmes rassemble l'expérience et l'héritage de quatre organisations préexistantes des Nations Unies, mais représente pourtant davantage que la simple somme de ses différentes parties. Les Etats membres des Nations Unies veulent qu'ONU Femmes soit une force multiplicatrice et un moteur unique pour accomplir les nombreuses tches à réaliser pour promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Le Secrétaire général a également affirmé que l'une de ses priorités principales pour son second mandat est d'amener le système des Nations Unies a appuyer vigoureusement l'égalité des sexes et d'être utile dans ce domaine.

La nomination de Mme Michelle Bachelet -largement admirée en tant que dirigeante populaire aux niveaux national et international, et porte-drapeau énergique de l'égalité des sexes et des droits des femmes - au poste de première Directrice exécutive d'ONU Femmes, a renforcé cette reconnaissance, faisant passer le message selon lequel la réalisation de l'égalité des sexes est l'un des impératifs les plus urgents au niveau mondial, d'égale importance avec la fin de la pauvreté et de la faim et la garantie d'un avenir pacifique et durable.

La création d'ONU Femmes illustre le fait que cet impératif est partagé par les Etats Membres, et représente un nouveau mandat et une nouvelle opportunité institutionnelle pour coordonner le travail relatif à l'égalité des sexes au sein des Nations Unies dans leur ensemble. Elle exige que nous créions une nouvelle structure et de nouvelles capacités organisationnelles. A cet égard, pour être en mesure de répondre aux espoirs et attentes de la moitié de la population mondiale, ONU Femmes dépend presque entièrement des contributions volontaires des Etats Membres.

Notre mission est mondiale, et notre présence programmatique dans les pays dépendra du besoin et des exigences des gouvernements. Notre vision d'ensemble est qu'aujourd'hui, chaque pays du monde, quel que soit son niveau de développement, doit avoir accès à l'expertise technique et à l'appui nécessaires pour promouvoir l'égalité des sexes, conformément à ses propres priorités nationales.

Les défis auxquels les femmes sont confrontées sont considérables. On assiste à une féminisation de la pauvreté dans les pays en développement de toutes les régions du monde, les femmes portant le lourd fardeau de la pauvreté, de la faim, de l'analphabétisme et du manque d'accès aux services essentiels, y compris les refuges, l'eau, l'assainissement, la santé et l'énergie.

Bien que les contributions des femmes à la croissance économique et au développement des pays - développés comme en développement - soient substantielles, la majorité des femmes ont des emplois précaires, et les écarts de salaires entre les hommes et les femmes demeurent importants. Dans toutes les régions et dans tous les secteurs, les femmes sont rémunérées entre 10% et 30% de moins que les hommes. Elles constituent deux-tiers des personnes analphabètes du monde, et continuent d'être victimes de discriminations au niveau de leur accès à l'éducation. La discrimination fondée sur le sexe est encore aggravée par le handicap, la race et l'ethnicité.

Dans de nombreux pays, y compris dans les démocraties, la voix, la participation et le leadership des femmes dans tous les domaines sont étouffés sous le poids des tabous et préjudices sociaux, culturels et religieux. Jusqu'à maintenant, seuls 28 pays ont réalisé ou dépassé la masse critique de 30% de représentation des femmes au sein des parlements et autres forums politiques et de gouvernance.

Les souffrances endurées par les femmes sont aggravées par les catastrophes naturelles, les changements climatiques, l'agression environnementale, ainsi que par les crises alimentaires, énergétiques, sanitaires et économiques, assumant le fardeau des soins, par exemple dans le cas du VIH-sida. La situation en Somalie est également critique pour les femmes, la majorité des réfugiés étant des femmes ayant la responsabilité de subvenir aux besoins de leurs enfants et de tenir physiquement elles-mêmes pour pouvoir le faire.

Au niveau des pays développés, où beaucoup de progrès ont été réalisés, la prospérité économique n'a pas assuré le plein achèvement de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes et des filles. La violence contre les femmes est une pandémie mondiale, qui est restée négligée pendant longtemps sans que soient pris en compte les souffrances et le désespoir de millions de femmes et de filles.

La violence contre les femmes est une violation des droits de l'homme, et se traduit également en coûts très élevés : en termes de santé, de productivité, d'éducation et au niveau des initiatives visant à réduire la pauvreté et à atteindre tous les objectifs de développement. Dans de nombreux pays, elle se manifeste dans des croyances et des pratiques dangereuses dont les femmes sont victimes, allant de l'infanticide à la sélection en fonction du sexe, en passant par les mutilations génitales féminines, le mariage précoce et la violence domestique. Le gouvernement australien a récemment rejoint les rangs des quelques entités qui étudient cette question en détails. L'étude a montré que, selon les estimations, la violence contre les femmes et leurs enfants coûtera à l'économie australienne une somme de 13,6 milliards de dollars (australiens) par an.

Cette somme est supérieure au coût du plan de 10,4 milliards de dollars adopté par le gouvernement australien pour stimuler l'économie face à la crise financière mondiale, ainsi qu'à celui de la Révolution éducative de 5,9 milliards de dollars lancée par le gouvernement. Au fond, le coût découlant de l'absence d'actions en vue de régler cette question est bien supérieur à celui des initiatives concertées lancées pour mettre fin à la violence contre les femmes.

Dans plus de 30 pays qui sont en conflit ou émergent d'un conflit, les femmes et les filles deviennent les cibles des groupes en guerre. Du Népal à l'Afghanistan, en passant par le Soudan, les conflits touchent les femmes de façons multiples : des viols massifs aux déplacements de masse. Les femmes se trouvent en première ligne des guerres. Au lendemain des conflits, c'est pourtant elles qui rassemblent leurs familles, leurs foyers et leurs communautés. Dans le même temps, elles se voient dénier tout rôle dans le rétablissement et la consolidation de la paix, sans mentionner le fait qu'elles n'ont pas accès à la justice pour obtenir réparation.

Le premier rapport-phare d'ONU Femmes, Le Progrès des femmes dans le monde: en quête de justice se focalise sur l'accès des femmes à la justice. Le choix de ce thème a été réalisé en reconnaissance du fait que le bon fonctionnement des lois et des systèmes de justice est le fondement de l'égalité des sexes.

Les lois peuvent changer les sociétés, et les systèmes de justice peuvent donner aux femmes les moyens d'exiger la responsabilisation : pour faire cesser la violence dans leurs relations, pour revendiquer les droits liés à la citoyenneté, pour pouvoir se marier ou divorcer dans les mêmes conditions que les hommes, ou pour revendiquer la propriété foncière, l'héritage ou le salaire auxquels elles ont droit.

ONU Femmes ne peut pas travailler dans tous les domaines et sur tous les problèmes, en raison de leur complexité, et parce qu'ils demandent un énorme investissement de ressources et de temps, de sensibilité et d'expertise technique et de fond sur de nombreux fronts. Pour surmonter ces défis et aider les femmes à atteindre leur potentiel, qui est exponentiel, ONU Femmes, dans son premier Plan stratégique, a identifié six domaines prioritaires pour ses programmes, ainsi que des objectifs concrets pour orienter et évaluer les impacts sur le terrain.

Ceux-ci sont : renforcer le leadership et la participation des femmes ; autonomiser les femmes au niveau économique ; mettre fin à la violence contre les femmes et les filles ; intégrer les femmes pleinement dans toutes les aspects de l'ordre du jour de la paix et de la sécurité ; et intégrer les femmes et les priorités au niveau de l'égalité des sexes dans la planification et la budgétisation nationale pour le développement. Le sixième domaine prioritaire comprend le renforcement et la mise à jour des normes internationales, des politiques et des normes sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes.

Je souhaiterais vous présenter brièvement chacun de ces domaines programmatiques.

En premier lieu, pour ce qui concerne le leadership et la participation des femmes, ONU Femmes travaille aujourd'hui avec ses partenaires des Nations Unies à aider les pays à augmenter le nombre de femmes dans les législatures nationales, les conseils locaux et les partis politiques ; et à aider les administrations publiques à mettre les femmes au premier rang de la fourniture des services publics. Différents pays peuvent établir différentes cibles relativement à cet objectif. Le travail d'ONU Femmes est de les aider à les atteindre.

Pour vous donner un exemple, au Timor-Leste, où la participation politique des femmes s'élève à 28%, nous continuerons d'appuyer l'éducation des électrices et des femmes élues à un mandat politique afin d'assurer que les femmes jouissent d'un accès égal aux informations et participent de manière active aux prochaines élections présidentielles et législatives.

Le printemps arabe et la vague significative de transformation qu'il entraîne montrent également la nécessité de renforcer la résolution des groupes de femmes à s'engager dans le dialogue et les processus politiques. Dans la négative, elles perdront du terrain face à d'autres groupes mieux organisés qui peuvent ne pas mettre l'égalité des sexes au premier rang de leur ordre du jour.

Grce au financement de l'Australie, ONU Femmes met désormais en œuvre le programme « Promouvoir l'égalité des sexes dans la gouvernance politique dans le Pacifique ». Ce programme concerne six pays de la région Pacifique, qui passeront à 15 dans l'avenir. Nous devons voir davantage de femmes poser leur candidature aux élections, promouvoir le renforcement du leadership et de la participation des femmes à divers secteurs gouvernementaux, et mettre en place des structures, opérations et procédures de gouvernance tenant compte du genre.

Le travail du Fonds pour l'égalité des sexes d'ONU Femmes, un fonds multidonateurs qui fournit des subventions d'un montant allant jusqu'à 5 millions de dollars E.U. aux groupes de femmes en vue de promouvoir l'autonomisation politique et économique des femmes, complète ces activités. Lors de son cycle de subventions inaugural pour 2009-2010, le fonds a alloué 37,5 millions de dollars à 40 programmes dans 35 pays.

A titre d'exemple d'initiatives déployées par le Fonds pour l'égalité des sexes, les femmes de sept Etats du Pacifique sont actuellement en train d'élaborer et de mettre en œuvre des plans d'action sur l'autonomisation politique et économique des femmes, alignés sur leurs Plans nationaux de développement respectifs. Les consultations ont entraîné des débats sur les droits politiques des femmes et aboutit à des recommandations d'amendement des lois électorales, y compris par le biais de systèmes de quotas. Un bénéficiaire du Sri-Lanka se focalise sur l'accroissement des nominations de femmes par les partis politiques de 2% à 20% aux élections aux conseils locaux en 2011.

En deuxième lieu, l'ordre du jour de l'autonomisation économique des femmes consiste à établir des faits sur le terrain et à mettre en exergue la manière dont l'autonomisation économique des femmes bénéficie à tous et est avisée sur le plan économique. ONU Femmes s'attache à mobiliser un appui coordonné - de la part du système des Nations Unies, y compris de la Banque mondiale et d'autres banque multilatérales de développement - en faveur des pays qui accordent une priorité à cet objectif.

Cela les aidera à mettre l'égalité des sexes au cœur des programmes qui favorisent le plein accès à un emploi décent ; à fournir des mesures de protection sociale en vue de réduire la pauvreté et la vulnérabilité ; et à augmenter l'accès des femmes et leur contrôle sur les biens tels que la terre et la propriété, et à renforcer leurs capacités productives.

ONU Femmes est convaincu que le secteur privé a un rôle pivot à jouer, et nous avons l'intention de travailler avec le secteur privé, par exemple, par le biais de l'application des Principes d'autonomisation des femmes. Nous nous engagerons en outre auprès du secteur privé pour fournir et renforcer des programmes ciblés en vue de promouvoir l'autonomisation des femmes sur le terrain en accroissant les capacités de mobilisation des ressources financières et techniques du secteur privé.

En troisième lieu, nombre de nos membres veulent un leadership d'ONU Femmes et une action du système des Nations Unies plus puissants pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles. Nous travaillons avec un nombre croissant de partenaires nationaux - y compris les gouvernements, les groupes communautaires, les groupes d'hommes, les groupes de jeunes et, bien sûr, les réseaux et les organisations de femmes - en vue de faire avancer les stratégies de prévention primaires, ainsi que d'assurer aux victimes de telles violences la fourniture de services intégrés de santé, juridiques et de protection.

Il convient de travailler également avec les garçons et les hommes afin de provoquer des changements réels en faveur des filles et des femmes dans le Pacifique. Nous avons vu comment les hommes australiens ont pris l'initiative, dans le cadre de la Campagne du ruban blanc, de mettre fin à la violence contre les femmes.

L'an prochain, ONU Femmes développera ses travaux sur son programme mondial « Des villes sûres pour les femmes et les filles », en vue de fournir aux autorités locales de 35 villes autour du monde des approches modèles pour renforcer la sécurité des femmes et des filles dans les espaces publics d'ici à 2017. Cela passe notamment par des actions visant à rendre la conception et la planification des villes ainsi que leur infrastructure plus adaptées aux femmes.

Une des villes participantes de cette initiative phare est Port Moresby, la capitale de Papouasie Nouvelle-Guinée. Nous travaillerons en coopération avec ONU-HABITAT et le gouvernement municipal pour contribuer à réduire et à prévenir la violence contre les femmes et les filles dans les marchés de la ville, où elles constituent la majorité des marchands et des clients.

La violence contre les femmes est l'un des défis principaux auxquels font face les pays dans toute la région du Pacifique. Il faut féliciter le gouvernement australien pour avoir appuyé de manière continue pendant deux décennies les initiatives visant à surmonter ce problème, y compris en versant une somme additionnelle de 5,2 millions de dollars australiens en faveur du « Fonds du Pacifique pour mettre fin à la violence contre les femmes », lui permettant d'apporter son aide à plus de 100 organisation dans toute la région.

Un autre canal important d'appui dans ce domaine est le Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies pour mettre fin à la violence contre les femmes, qui, depuis son lancement en 1997, a versé plus de 77 millions de dollars E.U. à près de 350 projets dans 126 pays et territoires. Une initiative de Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies lancée dans les Iles Salomon, par exemple, a entraîné la révision de l'Acte Evidence afin de supprimer les dispositions discriminatoires contre les victimes de la violence sexiste ainsi que l'introduction d'une loi nouvelle en vue de protéger les victimes contre les contre-interrogatoires directs par leurs présumés agresseurs.

Un quatrième domaine prioritaire est le renforcement du rôle des femmes dans le secteur de la paix et de la sécurité. La guerre a toujours touché les hommes et les femmes de manières différentes, mais peut-être jamais autant que lors des conflits contemporains. Si les femmes ne constituent toujours qu'une minorité des combattants et des belligérants, elles ptissent de plus en plus des conflits, dont elles sont les principales victimes.

ONU Femmes appuie des projets qui se focalisent sur le renforcement de la participation des femmes à la prise de décisions, à la promotion de l'utilisation des perspectives de genre dans l'élaboration des politiques, le renforcement de la protection des femmes touchées par les conflits, la lutte contre la violence sexuelle liée aux conflits, l'amplification des appels à la responsabilisation et la promotion de la condition de la femme dans les contextes postconflictuels.

Pour appuyer la participation des femmes à tous les aspects de la paix et de la sécurité, ONU Femmes est désormais en mesure de travailler en partenariat étroit avec toutes les parties pertinentes du système des Nations Unies et avec la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.

Avec le Bureau d'appui à la consolidation de la paix et 8 entités des Nations Unies, nous avons élaboré un Plan d'action en 7 points sur une consolidation de la paix tenant compte du genre, qui engage chacun d'entre nous à obtenir des résultats concrets. ONU Femmes jouera également un rôle clé pour promouvoir la responsabilisation au niveau de la mise en œuvre de ce plan d'action. A titre d'exemple, figurent parmi les engagements pris en vertu de ce plan d'action l'exigence qu'au moins 15% des dépenses des Nations Unies en situations conflictuelles et postconflictuelles seront consacrées à des investissements dans l'autonomisation des femmes et l'égalité des sexes, et que les femmes et les filles recevront 40% des bénéfices des programmes d'emploi postconflictuels.

En cinquième lieu, pour intégrer pleinement le genre dans les processus de planification et de budgétisation nationales, nous travaillons étroitement avec les ministres des Finances et de la Planification ainsi que les bureaux nationaux de statistiques pour renforcer leurs capacités au niveau de l'analyse par sexe, la budgétisation par sexe et l'utilisation de statistiques ventilées par sexe afin d'élaborer des politiques publiques et des budgets tenant davantage compte du genre.

En préparation du 4ème Forum de haut niveau sur l'efficacité de l'aide qui sera organisé à Busan en novembre, nous nous joignons aux bureaux et réseaux de femmes et à d'autres partenaires pour assurer que l'égalité des sexes nourrisse activement les débats et pour renforcer l'engagement pris de suivre les indicateurs d'investissement dans l'égalité des sexes.

La responsabilité pour ce qui est d'assurer le caractère adéquat et la qualité du financement du développement d'un point de vue du genre dépend autant des programmes que des gouvernements donateurs. ONU Femmes travaillera avec les pays donateurs et les pays de programme pour que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes se voient donner un caractère prioritaire.

Enfin, dans le cadre du renforcement des normes et standards pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, ONU Femmes renforcera et mettra activement à jour les normes et standards intergouvernementaux, et intégrera les dimensions d'égalité des sexes et d'autonomisation des femmes dans les débats internationaux pertinents et leurs conclusions. Nous aiderons à assurer des liens visibles entre les accords qui y seront conclus, par exemple, la CEDAW et les recommandations du Comité de la CEDAW, et les actions sur le terrain grce à un appui fourni aux partenaires nationaux.

Nous continuerons d'avoir la responsabilité première d'aider la Commission de la condition de la femme des Nations Unies, en tant que principal organe intergouvernemental consacré à la promotion de l'égalité des sexes, et nous agiront également comme des partisans aux niveaux régional et national.

Exemple récent du travail réalisé au niveau régional, huit nations réunies dans le cadre de l'Accord sud-asiatique pour la coopération régionale (SAARC) ont adopté des engagements nouveaux et renouvelés en faveur de l'égalité des sexes. Figurent parmi ceux-ci la production de données croissantes pour mesurer les écarts entre les sexes, la réalisation d'audits sur le genre et l'amélioration des lois promouvant l'égalité des sexes.

S'agissant des six domaines programmatiques prioritaires en général, je souhaiterais souligner que, dans le cadre de notre mandat, notre nouveau rôle central est de mener et de coordonner le système des Nations Unies et de le tenir responsable. La coordination, qui est un rôle supplémentaire additionnel, implique de mobiliser les initiatives déployées en faveur de l'égalité des sexes par le système des Nations Unies dans son ensemble.

Cela change beaucoup de choses qu'ONU Femmes siège désormais dans les organes de prise de décisions les plus élevés des Nations Unies, tels que le Comité politique du Secrétaire général et le Conseil des chefs de secrétariat. Cela signifie que nous pouvons désormais avoir des cadres politiques des Nations Unies plus cohérents sur l'égalité des sexes, et appeler à une plus grande responsabilisation en faveur de l'égalité des sexes dans tout le système des Nations Unies.

Nous travaillons déjà sur une approche commune des Nations Unies concernant la budgétisation tenant compte du genre et sur un cadre d'action à l'échelle du système pour mettre fin à la violence contre les femmes. ONU Femmes servira également de pôle d'informations et de connaissances et de centre documentaire des meilleures pratiques ainsi que de centre d'échanges sur ce qui fonctionne ou pas.

Nous avons besoin de capacités de base sur le terrain pour remplir notre mandat. En vue de renforcer ces capacités, nous avons besoin de ressources adéquates pour mener à bien les programmes et les tches qui nous ont été confiés, qui mettront en route un cycle positif de ressources, de capacités, d'application et d'impacts afin de mettre fin aux malheurs des femmes et des filles.

Nous avons établi des objectifs de financement relativement modestes de 300 millions de dollars E.U., 400 millions de dollars E.U. et 500 millions de dollars E.U. pour les années 2011, 2012 et 2013, respectivement. Nous l'avons fait en gardant à l'esprit l'environnement économique actuel, et en considérant que c'est le strict nécessaire. Il est impératif que les Etats membres, qui ont approuvé notre Plan stratégique et ses objectifs, et entretiennent de fortes attentes à notre endroit, renforcent leur appui financier en notre faveur tant au niveau des fonds non affectés que de deux spécifiques à un programme.

J'appelle donc tous mes amis d'ONU Femmes au sein du gouvernement, de la société civile et du monde de l'entreprise ainsi que nos Comités nationaux à accélérer leurs contributions, en vue de nous aider à atteindre ces objectifs. Le progrès dépend du groupe de pays, ainsi que des autres partenaires, y compris au sein du secteur privé, disposés à financer l'expertise considérable dans l'égalité des sexes qu'ONU Femmes est susceptible de fournir.

Nous reconnaissons que de nombreuses opportunités nouvelles découleront de la montée de la philanthropie au niveau mondial, les contributions des personnes individuelles continuant de constituer le pourcentage le plus important des dons caritatifs. De plus en plus de pays font de l'égalité des sexes une priorité et appellent à l'aide. Cela constitue une grande opportunité, et nous devons être positionnés pour pouvoir en tirer pleinement profit.

Déjà, de nombreux pays ont augmenté leurs contributions à ONU Femmes, certains de manière significative, ce dont nous sommes des plus reconnaissants. Je souhaiterais en particulier remercier le gouvernement australien, qui a démontré son fort engagement politique en faveur d'ONU Femmes en triplant sa contribution aux ressources de base l'an dernier, la faisant passer à 9,4 millions de dollars australiens.

Près de 100 Etats membres des Nations Unies se sont désormais engagés à faire des contributions à ONU Femmes. L'Espagne demeure notre donateur le plus important, suivie par la Norvège. Le Royaume-Uni a récemment quadruplé sa contribution aux ressources de base, la faisant passer de 4 millions de dollars E.U. à 16 millions de dollars E.U.. Outre l'Australie, d'autres augmentations significatives ont été enregistrées au niveau des contributions apportées par le Canada, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas, le Danemark, la République de Corée, et, parmi les pays en développement, l'Inde et le Nigéria.

Notre principale préoccupation actuelle est d'assurer une masse critique de financement, qui nous permettra de renforcer nos capacités et d'atteindre l'envergure qui est à la fois nécessaire et exigée. Nous avons proposé de nous focaliser particulièrement sur les domaines où l'appui est le plus essentiel : les pays les moins avancés, les pays qui peuvent avoir des économies plus solides mais demeurent confrontés à d'importants niveaux d'inégalité et les pays en situation de conflit ou postconflictuelle.

La diversification de nos partisans appelle également à la constitution de partenariats solides avec le secteur privé. Les expériences passées qui ont réussi ont montré que ces relations apportent un double dividende. Elles fournissent de nouvelles ressources pour le travail vital d'ONU Femmes. Et elles poussent les entreprises privées à s'engager de manière plus importante en vue d'adopter des mesures internes de responsabilité sociale et de jouer leur rôle en vue de donner aux femmes de nouvelles possibilités de s'épanouir en tant que dirigeantes, employées et entrepreneuses.

De plus en plus de recherches confirment à quel point la productivité et l'innovation des femmes contribuent à la croissance des entreprises, et des économies et des sociétés dans leur ensemble. Un nombre croissant de dirigeants d'entreprises ont reconnu ce fait, y compris les signataires de la Déclaration d'appui des PDG en faveur des Principes d'autonomisation des femmes.

La formation d'ONU Femmes a donné lieu à la constitution d'un important réservoir de bonne volonté. Beaucoup de sources l'ont alimenté : l'engagement des militants des droits de la femme, la volonté politique et la reconnaissance des bénéfices entraînés par les investissements réalisés dans l'égalité des sexes.

L ‘Australie affiche une riche histoire de contributions aux luttes universelles et à la réalisation des femmes en tant que participantes, bénéficiaires et dirigeantes sur un pied d'égalité au sein de la famille, de la société, du pays et du monde. Nous sommes très satisfaits du fait que le gouvernement australien ait mis l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes au cœur de sa politique d'aide.

Pour clôturer mes remarques au cours de cette réunion organisée dans cette ville historique et splendide, je citerai la noble réflexion évoquée par une militante et une pionnière prédominante des droits de la femme, Elizabeth Evatt : « En fin de compte, nous devons être jugés non sur nos plus grandes ambitions et réalisations, mais sur notre capacité à hisser du niveau le plus bas ceux dont les besoins… sont les plus importants ». Les besoins des femmes et des filles à travers le monde n'ont jamais été aussi importants. Assurons-nous de pouvoir dire un jour que nous aurons réussi à les hisser dans un avenir d'égalité et d'autonomisation.

Merci de votre attention.