Les lois favorables aux femmes gagnent du terrain au Pakistan

Date:

Les femmes pakistanaises ont affronté d'immenses défis dans leur lutte en faveur de l'égalité des sexes et contre la violence sexiste dans leur pays, notamment à cause des problèmes posés par certains aspects des normes et pratiques traditionnelles.

Et pourtant, tout au long de l'année passée, un certain nombre de percées législatives décisives en faveur des femmes ont montré que les efforts déployés par le gouvernement du Pakistan de même que le travail de plaidoyer mené à bien par les groupes travaillant en faveur de l'autonomisation des femmes dans le pays commencent à porter leurs fruits.

Au cours de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, le Président du Pakistan a signé le projet de loi 2012 sur la Commission de la condition de la femme, offrant à la Commission une nouvelle autonomie financière et administrative, et de ce fait un champ d'action accru pour enquêter sur les violations des droits des femmes. Un an auparavant, le projet de loi sur la Prévention des pratiques contre les femmes est devenue partie intégrante de la législation nationale, reconnaissant explicitement les pratiques allant des violences à l'acide au mariage forcé en passant par les « crimes d'honneur » comme des actes criminels, et offrant la protection appropriée et l'accès à une action en justice pour les victimes.

Le projet de loi sur le contrôle de l'acide et la prévention des actes criminels à l'acide (amendement) a été adopté par le Sénat en décembre 2011, et a pour la première fois donné des orientations sur la manière dont l'Etat doit punir les auteurs et aider les victimes de ces actes criminels sexistes violents. Aujourd'hui, les femmes sont également mieux protégées contre les harcèlements sexuels sur le lieu de travail et contre la violence domestique, depuis que ces mesures ont été adoptées sur ces questions, respectivement en 2010 et 2011. Et pour être certain que les lois sur le harcèlement sexuel sont effectivement intégrées dans le système, un Comité de surveillance, composé de représentants du gouvernement, de la société civile et d'ONU Femmes et formé par la Commission nationale de la condition de la femme, assure le respect d'un code de conduite.

Appuyer les législateurs et faire changer les mentalités

Tout au long des processus législatifs, ONU Femmes a travaillé avec les organisations non-gouvernementales (ONG) locales pour effectuer des recherches sur ces questions, faciliter les consultations parmi les experts et la société civile, et rédiger des lois. Ces initiatives ont pris la forme de dialogues, tables-rondes, formations et séminaires sur les questions et obligations liées à l'égalité des sexes, et ont impliqué ceux qui travaillent au sein de l'appareil législatif national, tels que les parlementaires, ainsi que ceux qui font pression sur lui de l'extérieur. Ces plateformes ont permis de développer des stratégies de mobilisation et d'organiser des dialogues avec les parties continuant à avoir des réserves, en vue de mieux faire comprendre le besoin de changement. Dans le même temps, les experts d'ONU Femmes sont en charge d'assurer le suivi du projet et de contrôler sa mise en œuvre après son adoption.

De telles lois seront mieux appliquées si les mentalités et stéréotypes changent pour mieux refléter l'égalité et la non-discrimination. Pour que la population sur le terrain s'engage à respecter les engagements pris par le pays au niveau de la fin de la violence sexiste, ONU Femmes a lancé la Campagne du million de signatures au cours des 16 Journées de mobilisation annuelles organisées par l'ONU au Pakistan in 2011. La campagne a été réalisée en partenariat avec les organisations de l'Alliance pour l'Elimination de la violence à l'égard des femmes et des filles (EVAW/G), et est devenue la première de cette envergure jamais lancée sur cette question. 4.500 membres de la communauté et utilisateurs des médias sociaux ont été mobilisés, ainsi que 1.500 femmes dirigeantes pakistanaises, recueillant plus de 700.000 signatures de soutien aux objectifs de l'EVAWG. Des Chartes de revendication émanant de 57 districts ont par ailleurs été présentées aux parlementaires. Les actions ont dans le même temps fait participer les femmes de tout le pays à des travaux liés à l'autonomisation, encourageant le leadership auprès des femmes marginalisées, ou faisant campagne sur l'amélioration de la réponse du système de justice criminelle à la violence sexiste.

Ces percées au niveau législatif, et les activités de plaidoyer qui les ont entourées, ont montré qu'il existe au Pakistan un engagement réel pour assurer l'autonomisation des femmes à tous les niveaux. Grce à un contrôle, un appui et à l'autonomisation des réseaux de femmes, ONU Femmes espère que ces victoires se traduiront par des changements réels et concrets pour les femmes du Pakistan.